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société
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qui peuvent être à sa portée. Mais ce n’est pas à ce
moment que nous allons lui dire que nous sommes
en train de foncer dans un mur. »
Cependant, Nancy Doyon persiste à croire que,
même avec les meilleures intentions du monde,
tous les enfants n’interpréteront ni ne réagiront de
la même façon à ce qu’ils entendent. Mais pour que
cette angoisse (si elle apparaît) soit dépassée, il faut
d’abord qu’elle soit entendue : « La pire chose à
faire c’est de dire qu’il n’y a pas de danger, de trop
vouloir calmer l’anxiété de l’enfant. La meilleure
chose, c’est de l’écouter, de l’entendre, d’essayer
de savoir ce qu’il a compris et ce qui l’inquiète là-
dedans, comment il le vit. Et à partir de là, on peut
l’aider à nuancer et mieux interpréter les choses.
Parce qu’il faut comprendre qu’un programme de
prévention, quel qu’il soit, est donné par un adulte
devant un groupe de plusieurs enfants. Et tous les
enfants de la classe ne reçoivent pas l’information
de la même façon et ne la comprennent pas de la
même façon. Il y en a qui vont lever la main pour
poser des questions à l’adulte. D’autres non. »
Il peut ensuite arriver que certaines interprétations
semblent exiger des rectifications, des demandes
de précision au professeur ou même à l’organisme
qui a conçu le programme. Pourtant, dans d’autres
cas, Louise Hénault-Éthier en vient à la conclusion
qu’il ne reste plus qu’à entendre une colère légitime :
« Un enfant doit apprendre à être patient, déçu,
triste ou en colère et à nommer ses émotions pour
être capable de les affronter. S’il ressent la colère
parce que les bélugas sont en train de disparaître
du Saint-Laurent, il doit exprimer et nommer cette
colère, et ne pas rester pris avec ce sentiment. »
Cette expression libère, apaise, mais elle constitue
aussi, pour Nancy Doyon, le meilleur moyen de
suivre les pistes qu’offrent les enfants de les guider
vers un apprentissage efficace, en fonction de leurs
préoccupations : « C’est important que l’on prenne
le temps d’entendre les enfants sur ce qu’ils
pensent et sur ce qu’ils vivent, que l’on échange
avec eux et que l’on soit capable de nuancer. Et
dans les nuances, je pense qu’il serait important
d’aborder avec eux que parfois, des changements,
c’est long. Ceux qui ne font pas ce qu’on leur dit
de faire, pourquoi ne le font-ils pas ? Pourquoi
certains ne recyclent-ils pas ? Comment peut-on
sensibiliser les gens autour de nous sans imposer
notre point de vue, et le faire avec respect ? »
Dans cet espace que l’on consacre à une écoute
sincère de ses positions, on offre aussi à l’enfant le
meilleur exemple concret, en tant que professeurs,
parents ou intervenants, de l’esprit critique que l’on
aimerait le voir développer, devant les incohérences
et les drames que l’humanité tolère souvent un peu
trop passivement : « Un enfant a le droit d’exprimer
ce qu’il pense, ce qu’il a entendu, et de confronter
la réalité. Peut-être que parfois il va dire ce que son
parent lui a dit, parce qu’il se rend bien compte
que tu viens de dire l’inverse. Et l’enfant ne veut
pas te dire que tu n’as pas raison, il veut lui-même
confronter et bâtir son aptitude à la critique. Nous
n’attaquerons pas la personne, nous allons discuter
de l’idée. On présente des éléments et plusieurs
éléments peuvent servir à forger une réalité. »
Pour l’instant, les organismes de sensibilisation
sont présents dans les Cégeps et les universités
où de chauds débats remettent en question les
Session hiver 2018 : 16 cours de 1h30
Samedi ou Dimanche
Quatre écoles : Plateau, Rosemont, Rive Sud et Laval
Tarif : 270$ pour les 5 à 16 ans
285$ pour les 3- 4 ans.