Montréal pour Enfants vol. 17 n°6 Hiver 2017 | Page 48

48 société www.montrealpourenfants.com qui peuvent être à sa portée. Mais ce n’est pas à ce moment que nous allons lui dire que nous sommes en train de foncer dans un mur. » Cependant, Nancy Doyon persiste à croire que, même avec les meilleures intentions du monde, tous les enfants n’interpréteront ni ne réagiront de la même façon à ce qu’ils entendent. Mais pour que cette angoisse (si elle apparaît) soit dépassée, il faut d’abord qu’elle soit entendue  : «  La pire chose à faire c’est de dire qu’il n’y a pas de danger, de trop vouloir calmer l’anxiété de l’enfant. La meilleure chose, c’est de l’écouter, de l’entendre, d’essayer de savoir ce qu’il a compris et ce qui l’inquiète là- dedans, comment il le vit. Et à partir de là, on peut l’aider à nuancer et mieux interpréter les choses. Parce qu’il faut comprendre qu’un programme de prévention, quel qu’il soit, est donné par un adulte devant un groupe de plusieurs enfants. Et tous les enfants de la classe ne reçoivent pas l’information de la même façon et ne la comprennent pas de la même façon. Il y en a qui vont lever la main pour poser des questions à l’adulte. D’autres non. » Il peut ensuite arriver que certaines interprétations semblent exiger des rectifications, des demandes de précision au professeur ou même à l’organisme qui a conçu le programme. Pourtant, dans d’autres cas, Louise Hénault-Éthier en vient à la conclusion qu’il ne reste plus qu’à entendre une colère légitime : «  Un enfant doit apprendre à être patient, déçu, triste ou en colère et à nommer ses émotions pour être capable de les affronter. S’il ressent la colère parce que les bélugas sont en train de disparaître du Saint-Laurent, il doit exprimer et nommer cette colère, et ne pas rester pris avec ce sentiment. » Cette expression libère, apaise, mais elle constitue aussi, pour Nancy Doyon, le meilleur moyen de suivre les pistes qu’offrent les enfants de les guider vers un apprentissage efficace, en fonction de leurs préoccupations : « C’est important que l’on prenne le temps d’entendre les enfants sur ce qu’ils pensent et sur ce qu’ils vivent, que l’on échange avec eux et que l’on soit capable de nuancer. Et dans les nuances, je pense qu’il serait important d’aborder avec eux que parfois, des changements, c’est long. Ceux qui ne font pas ce qu’on leur dit de faire, pourquoi ne le font-ils pas  ? Pourquoi certains ne recyclent-ils pas  ? Comment peut-on sensibiliser les gens autour de nous sans imposer notre point de vue, et le faire avec respect ? » Dans cet espace que l’on consacre à une écoute sincère de ses positions, on offre aussi à l’enfant le meilleur exemple concret, en tant que professeurs, parents ou intervenants, de l’esprit critique que l’on aimerait le voir développer, devant les incohérences et les drames que l’humanité tolère souvent un peu trop passivement : « Un enfant a le droit d’exprimer ce qu’il pense, ce qu’il a entendu, et de confronter la réalité. Peut-être que parfois il va dire ce que son parent lui a dit, parce qu’il se rend bien compte que tu viens de dire l’inverse. Et l’enfant ne veut pas te dire que tu n’as pas raison, il veut lui-même confronter et bâtir son aptitude à la critique. Nous n’attaquerons pas la personne, nous allons discuter de l’idée. On présente des éléments et plusieurs éléments peuvent servir à forger une réalité. » Pour l’instant, les organismes de sensibilisation sont présents dans les Cégeps et les universités où de chauds débats remettent en question les Session hiver 2018 : 16 cours de 1h30 Samedi ou Dimanche Quatre écoles : Plateau, Rosemont, Rive Sud et Laval Tarif : 270$ pour les 5 à 16 ans 285$ pour les 3- 4 ans.