Montréal pour Enfants vol. 17 n°6 Hiver 2017 | Page 42

42 société www.montrealpourenfants.com apportent certains éléments et que ce soient des sorties pédagogiques ou au musée, souvent, on va toucher toute l’expérience sensorielle. Le concret, le visuel, l’expérience émotive et sensorielle vont alors chercher une tout autre sphère dans l’apprentissage qui peut laisser des traces très positives et même aller rejoindre un groupe d’enfants que l’on ne rejoindrait pas forcément dans la classe ou ailleurs. Quand je fais des visites, j’entends des gens me dire “Ah, j’ai déjà vu ça avant et je m’en souviens” » affirme Murielle Vrins. cement à travers le réseau scolaire, comme Amnistie internationale, restent optimistes, en espérant que les décideurs se montrent plus critiques sur les solu- tions de financement qui leur sont proposées : « Ce serait le comble que ces organismes contribuent en vendant du chocolat issu du travail des enfants : que l’exploitation d’enfants dans un pays producteur de cacao serve à financer des sorties à La Ronde  ! Et ça arrive. C’est ce que nous avions documenté dans l’une de nos campagnes sur le travail des enfants » évoque Anne Sainte-Marie. Certaines campagnes de financement peuvent parfois se retrouver à la base de ces enthousiasmes mobilisateurs. En effet, lorsque vient le moment de sauver le monde, d’améliorer la cour d’école ou simplement de financer les sorties de fin d’année, il est maintenant possible de faire appel à des modèles comme ceux d’Équiterre. Cet organisme propose, dans les écoles, des ventes de légumes locaux et biologiques qui ont comme objectif de favoriser la création de liens commerciaux plus durables avec les fermiers de la région. Et cela s’accompagne généralement d’activités de sensibilisation. Ces campagnes ne sont d’ailleurs pas les seuls événements où le contraste entre l’idéal mobilisateur et les comportements quotidiens est carrément brutal. Ainsi, chez les enfants, Nancy Doyon sait bien qu’entre le moment où un jeune se laisse émouvoir par des questions de droits de la personne et celui où il se rendra compte que lui- même fait vivre de l’intimidation, le chemin peut être long  : «  Si je raconte à un jeune l’histoire de quelqu’un qui a vécu de l’intimidation et que je lui parle de ce que cela lui a causé, il va probablement être très sensible, comme lorsqu’il écoute un film. Mais après, il ne réalisera peut-être pas que ce qu’il fait, c’est la même chose. Il va falloir que je lui tape sur l’épaule et que je lui dise “Hey petit loup, regarde ce que tu es en train de faire : est-ce que tu te mets à la place de l’autre ?” ». Bien sûr, les campagnes de financement à l’école ne suscitent pas l’adhésion de tous les parents. D’autres organismes qui ne font pas de recherches de finan- Selon madame Doyon, le développement du cerveau de l’enfant pourrait expliquer cette difficulté à faire des liens et à transposer un exemple ou une notion dans un autre contexte. Mais Anne Sainte- Marie l’observe auprès des clientèles de tous âges auxquelles s’adresse Amnistie internationale  : «  Je fais un parallèle avec les adultes ; cela nou s surprend toujours, quand on prend position sur des sujets locaux, de voir à quel point les mêmes personnes qui étaient prêtes à dénoncer, à écrire des lettres ou à faire des lettres ouvertes dans les journaux pour dénoncer une situation X dans un pays Y, réagissent différemment quand la même situation X se produit sous leurs yeux.  » Ce cheminement vers une pensée plus cohérente est d’autant plus long que les organismes qui s’occupent des abus de pouvoir, à une échelle planétaire, et ceux qui se concentrent sur l’intimidation en contexte scolaire sont rarement les mêmes. Parallèlement, du côté de l’écologie, si les buts ultimes des diverses organisations se rejoignent, chacune se donne néanmoins un champ d’action spécifique pour y parvenir.