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société
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apportent certains éléments et que ce soient des
sorties pédagogiques ou au musée, souvent, on va
toucher toute l’expérience sensorielle. Le concret, le
visuel, l’expérience émotive et sensorielle vont alors
chercher une tout autre sphère dans l’apprentissage
qui peut laisser des traces très positives et même
aller rejoindre un groupe d’enfants que l’on ne
rejoindrait pas forcément dans la classe ou ailleurs.
Quand je fais des visites, j’entends des gens me
dire “Ah, j’ai déjà vu ça avant et je m’en souviens” »
affirme Murielle Vrins. cement à travers le réseau scolaire, comme Amnistie
internationale, restent optimistes, en espérant que
les décideurs se montrent plus critiques sur les solu-
tions de financement qui leur sont proposées : « Ce
serait le comble que ces organismes contribuent en
vendant du chocolat issu du travail des enfants : que
l’exploitation d’enfants dans un pays producteur de
cacao serve à financer des sorties à La Ronde ! Et
ça arrive. C’est ce que nous avions documenté dans
l’une de nos campagnes sur le travail des enfants »
évoque Anne Sainte-Marie.
Certaines campagnes de financement peuvent
parfois se retrouver à la base de ces enthousiasmes
mobilisateurs. En effet, lorsque vient le moment de
sauver le monde, d’améliorer la cour d’école ou
simplement de financer les sorties de fin d’année, il
est maintenant possible de faire appel à des modèles
comme ceux d’Équiterre. Cet organisme propose,
dans les écoles, des ventes de légumes locaux et
biologiques qui ont comme objectif de favoriser la
création de liens commerciaux plus durables avec
les fermiers de la région. Et cela s’accompagne
généralement d’activités de sensibilisation. Ces campagnes ne sont d’ailleurs pas les
seuls événements où le contraste entre l’idéal
mobilisateur et les comportements quotidiens est
carrément brutal. Ainsi, chez les enfants, Nancy
Doyon sait bien qu’entre le moment où un jeune
se laisse émouvoir par des questions de droits de
la personne et celui où il se rendra compte que lui-
même fait vivre de l’intimidation, le chemin peut
être long : « Si je raconte à un jeune l’histoire de
quelqu’un qui a vécu de l’intimidation et que je lui
parle de ce que cela lui a causé, il va probablement
être très sensible, comme lorsqu’il écoute un film.
Mais après, il ne réalisera peut-être pas que ce
qu’il fait, c’est la même chose. Il va falloir que je lui
tape sur l’épaule et que je lui dise “Hey petit loup,
regarde ce que tu es en train de faire : est-ce que
tu te mets à la place de l’autre ?” ».
Bien sûr, les campagnes de financement à l’école ne
suscitent pas l’adhésion de tous les parents. D’autres
organismes qui ne font pas de recherches de finan-
Selon madame Doyon, le développement du
cerveau de l’enfant pourrait expliquer cette difficulté
à faire des liens et à transposer un exemple ou une
notion dans un autre contexte. Mais Anne Sainte-
Marie l’observe auprès des clientèles de tous âges
auxquelles s’adresse Amnistie internationale : « Je
fais un parallèle avec les adultes ; cela nou s surprend
toujours, quand on prend position sur des sujets
locaux, de voir à quel point les mêmes personnes
qui étaient prêtes à dénoncer, à écrire des lettres ou
à faire des lettres ouvertes dans les journaux pour
dénoncer une situation X dans un pays Y, réagissent
différemment quand la même situation X se produit
sous leurs yeux. » Ce cheminement vers une
pensée plus cohérente est d’autant plus long que
les organismes qui s’occupent des abus de pouvoir,
à une échelle planétaire, et ceux qui se concentrent
sur l’intimidation en contexte scolaire sont rarement
les mêmes. Parallèlement, du côté de l’écologie,
si les buts ultimes des diverses organisations se
rejoignent, chacune se donne néanmoins un champ
d’action spécifique pour y parvenir.