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parfois de la leur ! Et si ces adultes , qui œuvrent dans la sensibilisation , suggèrent majoritairement de réduire l ’ accès des enfants d ’ âge primaire aux différents médias d ’ actualité grand public , Anne Sainte-Marie croit qu ’ il est plutôt utopique de penser pouvoir éviter aux écoliers d ’ aujourd ’ hui de se trouver confrontés à ces réalités brutales : « De plus en plus , les enfants côtoient au quotidien d ’ autres enfants venus d ’ ailleurs qui ont été victimes de torture , qui ont été des enfants soldats , qui ont vu des choses épouvantables , qui ont été obligés de fuir à la nage leur village ou ont traversé le désert pour finalement se retrouver dans des camps de réfugiés . Les enfants rencontrent ces situations , pas seulement dans leur fil de presse , mais dans leur quotidien . »
Lorsque les enfants entendent parler , à travers des discours qui ne s ’ adressent pas à eux , de cataclysme , d ’ injustice ou d ’ agression , il leur est alors difficile , avec le peu de notions qu ’ ils possèdent , de parvenir par eux-mêmes à faire la part des choses . La situation est même parfois problématique si l ’ on s ’ adresse directement à eux , avec la sincère intention de les sensibiliser , mais que cela se fait de façon trop expéditive ou maladroite . Nancy Doyon , une éducatrice spécialisée qui fait depuis longtemps des conférences et des activités préventives auprès des enfants contre l ’ intimidation et d ’ autres abus , a pu observer la tendance de cette pensée plus dichotomique chez les enfants : « Plus les enfants sont jeunes , plus ils ont de la difficulté à comprendre la notion de risque potentiel . […] Je pense aussi à une de mes nièces qui était revenue de l ’ école complètement paniquée , parce qu ’ on lui avait appris l ’ importance de la crème solaire : on lui avait expliqué ce que peut donner l ’ exposition au soleil , dont des cancers de la peau , et ma nièce est rousse . Elle , avec ou sans crème solaire , des coups de soleil , elle en a fait une collection . Alors , vers l ’ âge de 8 ans , elle craignait de mourir du cancer , et pour elle , ça allait se passer demain matin . Elle avait peur de mourir . »
C ’ est d ’ ailleurs pour cette raison que , lorsqu ’ il s ’ agit d ’ aborder des problématiques aux conséquences potentiellement graves , comme l ’ intimidation , madame Doyon tente de le faire sous l ’ angle de l ’ espoir et de la résilience : « C ’ est très important que la personne passe la majorité de son témoignage à parler de la façon dont elle s ’ en est sortie , ce qui l ’ a aidée à s ’ en sortir , qui lui a donné du soutien , quels sont les moyens qu ’ elle a mis en place pour s ’ en sortir . » À Amnistie internationale , on essaie même de faire rencontrer aux enfants des personnes libérées de prison grâce à la démarche de l ’ organisme , alors que les actions proposées par les mouvements écologiques s ’ avèrent souvent très concrètes et la manière d ’ en discuter passe par le plaisir , voire l ’ imaginaire : « Avec le conte , on utilise des marionnettes et on va présenter le roi de plastique qui parle de l ’ enjeu du suremballage . Mais on en parle d ’ une belle façon , on fait aussi beaucoup de jeux de mots , encore plus dans nos ateliers sur les fruits et légumes . Et , finalement , il y a un clin d ’ œil du roi du plastique qui va aller prendre sa retraite dans le Sud , sur une île autour de laquelle il y a plein de plastique . Un enfant de 6 ans n ’ aura pas nécessairement compris tout ce que cela peut signifier , mais ce qui est incroyable , c ’ est que le message se passe sous forme positive , et cela nous fait penser à prendre notre sac en tissu la prochaine fois qu ’ on va faire les courses » rapporte Murielle Vrins , chargée de projets chez Équiterre .
À la Fondation David Suzuki , Louise Hénault-Éthier affirme qu ’ avant d ’ aider la nature , il faut apprendre à l ’ aimer . Cette guide naturaliste chevronnée remarque d ’ ailleurs que plusieurs enfants n ’ ont pas eu beaucoup d ’ occasions de dépasser leur relation de méfiance face à la nature , ou d ’ être en face du charme qui se cache derrière un simple boisé échappant encore à la domination humaine : « Quand on parle à un enfant , on veut qu ’ il aime les fleurs . On veut qu ’ il n ’ ait pas peur des insectes . Qu ’ il les aime . Qu ’ il ait envie de jouer avec , dans ses mains . On veut qu ’ il acquière ça dès le plus jeune âge pour qu ’ il soit en contact fréquent avec la nature , une fois adulte . Les êtres humains ont une certaine phobie de ce qui est nouveau . Si on grandit en contact avec quelque chose , on va le comprendre et peut-être l ’ aimer . Si on prend seulement contact avec la nature plus tard , on n ’ a pas ce même attachement . »
Du jour de la terre au terrain quotidien
Toute cette approche a donc pour but d ’ aider l ’ enfant à créer un attachement envers le monde ou les valeurs qu ’ il voudra ensuite préserver . Mais l ’ objectif est également de lui montrer que , dès maintenant , il a , entre ses mains , ce qu ’ il faut pour