Montréal pour Enfants vol. 17 n°3 Été 2017 | Page 17
socialement ou même se faire rejeter. Il se sent triste.
On voit qu’il ne va pas bien et qu’il est en détresse.
Cela va souvent s’exprimer aussi par des symptômes
physiologiques comme des maux de ventre, de tête
ou de cœur. Tout cela, accompagné du refus de faire
des choses, pourrait nous mettre sur la piste qu’il se
passe quelque chose d’anormal », évoque la cher-
cheuse et psychologue clinicienne Lyse Turgeon.
Et il ne s’agit pas d’un risque isolé puisqu’on estime
qu’environ 10 % des enfants des classes du primaire
sont aux prises avec un trouble anxieux repérable, et
que la proportion de ce trouble peut s’élever jusqu’à
23 % au secondaire ; les symptômes associés à la
dépression, quant à eux, apparaissent chez 15 % à
25 % des jeunes ; si l’on se limite au cas de dépres-
sion majeure, l’incidence serait de 4 % à 5 %. Ces
tendances à appréhender les situations nouvelles ou
potentiellement exigeantes peuvent affecter égale-
ment toute la dynamique familiale : « Dans les cas les
plus pathologiques, près de l’hospitalisation, on va
avoir des adolescents ou des enfants qui ne sont plus
capables de sortir de la maison et vont contraindre
toute la famille à se recentrer autour des besoins de
cet enfant… mais qui sont des besoins dysfonction-
nels. Cela va presque jusqu’à mettre des parents en
quarantaine », ajoute aussi le chercheur et psychoé-
ducateur Jonathan Bluteau.
Abritant plusieurs maux
Pourtant, lorsque l’attitude d’un enfant commence
à tourner un peu moins rond, il n’est pas nécessai-
rement évident de se faire une idée claire de ce qui
est en train de se passer. De manière générale, les
chercheurs remarquent toutefois que les enfants du
primaire sont plus susceptibles de souffrir de troubles
anxieux et le manifestent plutôt sur une base continue,
alors que les traits dépressifs apparaissent surtout à
partir de l’entrée au secondaire, et par phases. Mais il
n’en reste pas moins que les enfants déjà anxieux ont
75 % plus de risque de développer des traits dépres-
sifs et que, sur le plan biologique, l’un et l’autre se
ressemblent : « Quelqu’un qui a des pensées dépres-
sives va avoir des idées de dépréciation de soi, toutes
rattachées à “Je ne suis pas capable”, “Je ne vaux
rien”. Des pensées anxieuses vont être des pensées