Parallèlement à l’expansion de la zone civile au nord de l’Algérie, le mouvement municipal se
développa et donna naissance à deux types de communes :
les communes de plein exercice, territoire où la population européenne était assez nom-
breuse pour pouvoir gérer elle-même ses affaires.
les communes mixtes, territoires où la population européenne installée n’était pas assez
compacte et dense pour former une commune de plein exercice.
les communes indigènes, formées de tribus où l'élément européen n'avait pas encore pénétré.
Elles étaient administrées par des commissions mi-partie indigènes mi-partie européennes,
fonctionnant sous la surveillance de généraux de brigade. Ces communes indigènes étaient
toutes situées en territoire militaire.
Cette organisation municipale révélait bien le sens de l’assimilation administrative qui s’opérait en
fonction et au profit de l’élément européen. Ce système demeura à peu près inchangé de 1870 à
1956. Ainsi l'institution communale coloniale présentait une physionomie spéciale. La présence de
deux populations distinctes européenne et musulmane inspirait non seulement deux types
d’administration communale, mais aussi deux types de structures infra-communales, plus réduites :
les centres de colonisation, administrés par un adjoint spécial européen.
Appelés à l’origine «sections françaises de communes mixtes», les ‘’centres de colonisa-
tion’’ sont le signe de la présence européenne et coloniale dans ces territoires exclusivement
occupés par la population musulmane algérienne. Même si cette circonscription existe rela-
tivement tôt (1846), c’est surtout après la guerre de 1871 avec l’arrivée des immigrants de
l’Alsace-Lorraine annexée, que va se développer une politique d’implantation de colons eu-
ropéens. Conçu comme une étape vers la constitution d’une commune de plein exercice, le
centre de colonisation a pour but d’occuper des points dans l’intérêt de la domination et de
la sécurité du pays. Le centre n’a pas de budget propre, il est enclavé dans la Commune
Mixte au sein de laquelle il a été créé. Il est représenté à la commission municipale par des
conseillers élus et par un adjoint spécial qui lui est à la tête de cette unité. L’adjoint spécial
occupe les fonctions d’officier d’état-civil mais il reste surtout un agent de renseignement
auprès de l’administrateur
les douars qui avaient à leurs têtes un adjoint indigène. Un ensemble de plusieurs douars
constituait une ferka, administrée par un cheikh. Un certain nombre de ferkas composaient
la tribu, à la tête de laquelle se trouvait un Caïd. Les tribus étaient groupées en aghaliks,
avec un agha pour chef.
L'unité de cette commune est assurée par la présence à sa tête d'un administrateur nommé,
par son autonomie financière et par sa commission municipale, dont les registres de délibéra-
tions et d'arrêtés ont été conservés pour leur plus grande partie.
Ce fonctionnement perdure pendant plus de 70 ans, jusqu'à la suppression générale des
communes mixtes par arrêté du 12 janvier 1957. Aïn-Touta est alors éclatée en plusieurs com-
munes immédiatement créées : celles d'Aïn-Zaatout, Branis, Condorcet, Djemmorah, El-
Kantara, El-Outaya, Maâfa, Mac-Mahon, Ouled-Aouf, Tahanent, Tilatou et Victor-Duruy re-
groupent chacune une partie de ses anciens douars, fermes et centres.
Il paraît alors nécessaire d'instituer un intermédiaire entre le sous-préfet et les nouvelles
communes, dont la tutelle est confiée à un administrateur des services civils auprès des
municipalités à titre de "Délégué préfectoral". Cette structure provisoire est destinée à
faciliter la transition entre le régime d'administration directe des communes mixtes vers
celui de l'autonomie locale. Le Délégué préfectoral à Mac-Mahon supervise la création
des nouvelles communes entre 1957 et 1958.
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