Ma première publication Yoles Martinique - 1er Tour | Page 19

La fabrication de la yole P our la fabrication des yoles de course, la hache et la tille demeurent les principaux instruments constituant la boîte à outils du charpentier de marine local dont les progrès restent fondés sur l'expérience. Travaillant sans plan, il ne peut compter que sur l'observation et le feeling. Les membres qui constituent l'ossature sont solidement fixés sur la quille, celle-ci supporte dans les mêmes conditions l'étrave à l'avant et l'étambot à l'arrière. Cet ensemble construit en premier lieu, permet l'agencement des “bordés” qui sont les éléments d'un tout. L'embarcation est réalisée suivant le gabarit retenu par le charpentier de marine. Parmi les membres, on peut reconnaître celui que les yoleurs appellent le “fouca” à l'avant et où s'intègre la tôte devant recevoir la misaine. Le membre du milieu qui comporte un sabot est également équipé d'une tôte, le tout agencé de manière à recevoir la grande voile lors de la course à deux voiles. A noter que le “fouca” a la forme d'un V, et est solidement retenu par ce que les yoleurs appellent la “guirlande”; cette dernière le tient solidaire du “bordé” supérieur. Le fouca est traversé par deux boulons en cuivre posés de manière à empêcher à l'embarcation de s'ouvrir à l'avant, sous la pression de la misaine. Les bordés supérieurs sont renforcés par des “bandes molles” extérieures qui épousent la forme de l'embarcation de l'avant à l'arrière. Il existe à l'arrière de l'embarcation, à tribord comme à babord, deux engrenages qui servent à empêcher la pagaie de glisser au moment des différentes manœuvres. L'ensemble pagaie et engrenage remplace le gouvernail, et en l'absence de vent, permet au patron de godiller pour faire avancer l'embarcation. Il faut dire enfin que sur la quille, est fixée ce que les yoleurs appellent “la semelle” calculée de manière à rendre l'embarcation plus vive, en fonction de sa largeur. Sur cet ensemble, est fixée “la fausse quille” qui est escamotable et qui ne sert que pour les courses à deux voiles. Et enfin, la “taille mère” qui est une pièce effilée fixée sur l'étrave afin de permettre à l'embarcation de mieux fendre la mer. Certains patrons de yoles, tels que Désiré LAMON, Georges-Henry LAGIER et Joseph MAS ont construit leur propre yole, ce qui ne peut-être qu'un avantage, et ce n'est pas un hasard si le premier Tour fut gagné par Désiré LAMON et que Georges Henri LAGIER détient le record de victoires sur le Tour de la Martinique. De nos jours, les yoles ont subi des modifications tant en ce qui concerne les apports techniques que les dimensions, sans aller à dénaturer leurs caractéristiques traditionnelles. 19