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La deuxième stratégie humanitaire française, qui s’étale sur 2018-2022
après une première édition, plus succincte, qui valait pour 2012-2017, inclut ainsi
quinze décisions dont la moitié environ concerne le DIH.
La stratégie humanitaire de la France pour 2018-2022
Cette stratégie s’inscrit dans le contexte d’une augmentation des besoins humanitaires,
principalement alimentés par les conflits. Vingt-trois pays, sur les vingt-cinq ciblés par
les plans de réponse humanitaires pour 2018 coordonnés par l’ONU, sont ainsi en
situation de conflit. À cela s’ajoute l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des
catastrophes naturelles. Les crises tendent, par ailleurs, à se prolonger : 84 % de fonds
humanitaires sont alloués à des crises qui durent depuis plus de trois ans. Cette situation
est aujourd’hui aggravée par la multiplication des violations du DIH.
Face à cette augmentation des besoins, la communauté internationale s’est réunie lors du
Sommet humanitaire mondial organisé à Istanbul en mai 2016 afin de refonder son action
humanitaire. Suite à cela, la négociation d’un « Grand Bargain » a été déclenchée. C’est
le principal forum au sein duquel les donateurs et les acteurs travaillent ensemble pour
améliorer l’efficacité de l’action humanitaire. La France a rejoint à l’automne 2017 le
Grand Bargain.
La stratégie française pour 2018-2022 est orientée autour de trois grands axes :
l’augmentation des moyens et l’amélioration de leur emploi ; l’inscription de l’action
humanitaire dans le traitement durable des crises ; et le renforcement du respect du DIH.
La France engage également son appareil diplomatique dans cette stratégie afin
d’accroître le respect du DIH. Elle attache ainsi une attention particulière à la formation
de ses diplomates au droit humanitaire. De façon générale, la France promeut six types
d’actions allant dans ce sens : (1) le renforcement de la protection des personnels
humanitaires et médicaux, des enfants dans les conflits armés et de la lutte contre les
violences faites aux femmes ; (2) la mise en place d’un forum des États sur le respect du
DIH dans le cadre des discussions menées au sein de la Conférence internationale de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : (3) l’encadrement du recours au veto au CSNU en
cas d’atrocités de masse ; (4) la lutte contre l’impunité des auteurs de violations du DIH ;
(5) la reconnaissance de l’application du DIH dans le cyberespace ; (6) le développement
du dialogue humanitaire. Ces lignes directrices sont toutes rattachées à des actions
concrètes, qui permettront à la France de mettre en place sa stratégie humanitaire pour
2018-2022.
Source : ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
1. Une priorité de notre agenda multilatéral
L’engagement diplomatique de la France au service du DIH, qui transparaît
au fil des pages de ce rapport, s’est notamment concentré sur quelques priorités sur
lesquelles vos rapporteurs ont souhaité revenir.
Cet engagement est ancien.
Ainsi les engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une
utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armées et les