Ma première publication Rapport 3. | Page 71

— 71 — Les besoins humanitaires sont pour partie d’ordre sanitaire, lorsque les infrastructures de santé sont touchées. Selon Amnesty international, dans la région du Donbass en Ukraine, les deux principaux hôpitaux sont passés de 350 à 70 lits. À cela s’ajoute des déficiences d’électricité, des insuffisances en eau et en matériaux médicaux qui rendent la prise en charge sanitaire extrêmement complexe voire impossible. En Syrie, comme l’a rappelé en audition M. Raphael Pitti, certains hôpitaux sont devenus des lieux tellement dangereux qu’ils en ont perdu leurs personnels, dès lors, ce sont des étudiants qui ont dû prendre la place de médecins confirmés faute de mieux. Les attaques dont font l’objet les personnels humanitaires sont donc particulièrement préoccupantes et rendent nécessaire une bonne coopération entre humanitaires et forces armés sur le terrain pour maintenir les accès humanitaires et développer une forme de pédagogie sur la protection des civils et l’aide humanitaire. 2. Une nécessaire continuité entre l’action humanitaire et l’aide au développement Les humanitaires doivent aussi s’adapter à la durée croissante des conflits armés, qui allonge mécaniquement la durée des appels humanitaires, dont la plupart aujourd’hui se font depuis plus de dix ans en moyenne. Comme l’a souligné en audition M. Aurélien Buffler, face à l’impossibilité de mener une aide humanitaire perpétuelle, d’autres solutions doivent être adoptées. C’est la logique du « nexus humanitaire développement », porté par le BCAH, qui l’a mis en avant lors du Sommet mondial humanitaire de 2016. Le but du nexus humanitaire développement, dont le déploiement au niveau onusien mobilise aussi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), est de créer un dialogue entre acteurs de l’humanitaire et du développement et de favoriser la continuité entre leurs actions. C’est aussi pour s’adapter aux crises contemporaines, longues et multifactorielles, que le Centre de crise et de soutien du MEAE (voir infra ), vise à rapprocher sa mission d’action humanitaire et sa mission de stabilisation. Là où l’aide humanitaire d’urgence doit intervenir sur les théâtres de crise pour répondre à des besoins immédiats, la stabilisation doit assurer le rétablissement progressif des infrastructures, des services de base et des institutions démocratiques, avant de viser à la mise en place d’un véritable nexus humanitaire développement qui active l’aide publique au développement.