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Le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH ou OCHA) de l’ONU est
un bureau du secrétariat des Nations unies, seule entité à disposer d’un mandat
humanitaire. Le BCAH a pour principaux axes de travail la coordination opérationnelle
des actions humanitaires, l’élaboration des politiques humanitaires y compris dans
leur pendant normatif (DIH, résolutions du CSNU), le financement de l’aide
humanitaire et le plaidoyer , aspect capital pour le DIH.
Le BCAH s’appuie sur deux sièges, à New York et à Genève, et emploie environ
2 000 personnes dont 70 % sont réparties sur les zones d’opération sur le terrain. Son
budget annuel est d’environ 328 millions de dollars, abondé par des contributions
volontaires. La France est l’un des bailleurs du BCAH, à hauteur d’environ 3 millions de
dollars, selon une tendance à la hausse (la contribution était de l’ordre d’un million de
dollars en 2017) et une contribution distincte de celle allouée au fonds humanitaires de
l’ONU, qui était pour rappel de 7 millions de dollars pour 2019.
Le travail sur le DIH à proprement parler et la protection des civils se divise entre ce qui
intervient au niveau local et au niveau global. Au niveau local, le BCAH a un rôle de
plaidoyer auprès des parties aux conflits, afin de créer un environnement le plus favorable
possible au respect du DIH. Le BCAH a aussi un mandat de l’AGNU pour coordonner
l’accès humanitaire, afin de rassembler les humanitaires en présence sur une zone de crise
pour garantir l’accès humanitaire. Au niveau plus global, le BCAH est la seule entité
onusienne disposant d’un mandat humanitaire, ce qui lui confère un rôle de plaidoyer
auprès des États, du CSNU, et des autres entités de l’ONU, sur le respect du DIH.
Le BCAH a aussi un rôle de politique humanitaire, portant sur les évolutions du corpus
juridique du DIH et les normes que le CSNU est amené à élaborer en la matière et
notamment sur la protection des civils dans les conflits armés.
Enfin, le BCAH a pour mission de donner de la visibilité aux bonnes pratiques en termes
de respect du DIH, comme la mise en place de politiques nationales et d’espaces de
dialogue nationaux sur le respect du DIH.
Source : BCAH.
B. DES EFFETS DÉSTABILISATEURS POUVANT S’ÉTALER SUR DES
GÉNÉRATIONS
1. La nécessité de reconstruire les communautés touchées par les
violations du DIH
L’ensemble des violations graves du DIH détaillées ci-dessus ont en commun
un potentiel déstabilisateur pour les populations et les sociétés touchées, dont les
effets peuvent s’étaler sur des années, voire sur des générations.
Les violences sexuelles commises en temps de conflits armés, en plus de
favoriser l’apparition de cultures du viol, ont une incidence sur plusieurs
générations. Elles sont un facteur d’exclusion et de stigmatisation, pour les
victimes mais aussi indirectement pour les enfants nés de viols ou « enfants
serpents », qui sont souvent mis au ban de leur société, et sont alors plus susceptibles
de se radicaliser ou d’intégrer des groupes armés. L’exclusion prend parfois la