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forme de déplacements forcés, particulièrement déstabilisateurs pour les
communautés.
Dans certains cas, les familles exposées aux conflits et aux risques de
violences sexuelles ont recours à des mécanismes de survie qui leur sont
préjudiciables, allant du renoncement à des possibilités d’éducation ou d’emploi
aux mariages d’enfants et aux rapports sexuels marchands (on parle de
« prostitution de survie »). C’est ainsi que la République centrafricaine, le Mali, la
Somalie et le Yémen connaissent des taux de mariage d’enfants parmi les plus
élevés au monde.
L’accompagnement et la réinsertion des victimes sont dans ce contexte
une priorité pour l’ONU et pour les ONG spécialisées. Ainsi, l’accompagnement
et l’accès à la justice des survivantes des violences sexuelles constituent un volet
essentiel de l’action de l’ONU. Il s’agit notamment, dans le cas des femmes, de
favoriser la réinsertion sociale de femmes marginalisées dans la société et souvent
perçues comme n’étant plus aptes ou dignes d’établir les liens de filiation. Ainsi, la
résolution 2467, adoptée en avril 2019, encourage les États à prendre toutes les
mesures pour faciliter l’accès des survivantes des violences sexuelles à la justice,
leur fournir réparation et faciliter leur réinsertion sociale.
Les violations des droits des enfants en temps de conflits armés imposent
également un important travail d’accompagnement et de réintégration, avec un
accès à des services fondamentaux allant de l’éducation aux soins, notamment en
matière de santé mentale, point sur lequel les interlocuteurs auditionnés par vos
rapporteurs ont insisté unanimement.
Le BICE a rappelé que, selon l’âge et le sexe des enfants et notamment des
enfants soldats, les enjeux de réintégration pouvaient varier. Jusqu’à quinze ans, la
priorité va à l’éducation scolaire tandis qu’à partir de dix-sept ans et au-delà,
l’accent est mis sur le vivre-ensemble et la formation professionnelle. Pour les
jeunes femmes, la réintégration peut être particulièrement complexe lorsqu’elles ont
eu des enfants. Il faut à cet égard rappeler que 40 % des enfants soldats sont des
filles, souvent rejetées par leur famille et leur communauté qui considèrent qu’elles
ne peuvent plus se marier après leur expérience du conflit.
La réinsertion des enfants implique aussi de prendre en compte l’ensemble
du tissu social touché. Des enfants bénéficiant d’une aide matérielle, par exemple,
sous la forme de fournitures scolaires, pourront être stigmatisés comme des
privilégiés à leur retour à l’école, d’où la nécessité d’apporter aussi une aide aux
écoles concernées.
2. Des atteintes croissantes aux infrastructures civiles et au patrimoine
culturel
Le DIH protège aussi les infrastructures et l’environnement humain,
dont la violation est souvent lourde de conséquences sur la santé humaine. La