Ma première publication Rapport 3. | Page 52

— 52 — B. UNE ÉVOLUTION DES ACTEURS EN PRÉSENCE ET DES TECHNIQUES MOBILISABLES 1. La multiplication des groupes armés non étatiques L’évolution de la conflictualité passe aussi par l’évolution des belligérants. Au plan quantitatif, le nombre de parties impliquées dans les conflits armés s’est accru de façon exponentielle : un conflit sur trois se déroule entre deux parties belligérantes, 44 % voient s’opposer trois à neuf parties et 22 % comptent plus de dix forces rivales. La hausse du nombre de parties impliquées s’est traduite par l’apparition d’un grand nombre de groupes armés prenant part aux conflits. En 1950, on comptait en moyenne huit groupes armés dans une guerre civile, il y en aurait eu jusqu’à mille en Syrie en 2014. 40 % des États en situation de conflit armé en 2017 étaient notamment confrontés à la présence de groupes armés djihadistes. Or, l’apparition de réseaux complexes de groupes armés implique de nouveaux modes de diffusion du DIH. D’une part, du fait des motivations de ces groupes. Pour les groupes dont la motivation principale est financière, l’existence de conflits peut être une composante essentielle du modèle économique adopté, par exemple en favorisant le commerce illicite comme source de revenus. Pour les groupes dont la motivation est principalement idéologique, les vingt dernières années ont été marquées par l’apparition de groupes terroristes à l’idéologie nihiliste, qui rejettent totalement les règles du DIH. Comme l’a souligné le CICR dans une étude parue en novembre 2018, intitulée Contenir la violence dans la guerre : les sources d’influence chez le combattant , des « formes exceptionnelles de violence » sont apparues et sont venues « compromettre les progrès réalisés, dans la promotion de la retenue dans la guerre ». D’autre part, du fait du mode de fonctionnement des groupes. Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations unies dans son rapport 2018 sur la protection des civils, la prolifération et la fragmentation des groupes armés ont exacerbé l’asymétrie des conflits contemporains. En d’autres termes, nombreux sont les groupes armés qui ont cherché à compenser leur infériorité militaire par des stratégies qui contreviennent aux règles du DIH, notamment le principe de distinction entre combattants et civils. Deuxièmement, s’il existe toujours des mouvements armés structurés qui connaissent et appliquent globalement le DIH, la majorité est dépourvue de structure hiérarchique centralisée, qui permet traditionnellement d’assurer la transmission des normes et la formation des combattants aux règles du DIH. Comme l’a souligné le CICR, dans son étude précitée, les modes d’organisation de ces groupes restent très variés et impliquent une adaptation des modes de diffusion du DIH.