Ma première publication Rapport 3. | Page 28

— 28 — Le cadre juridique applicable aux opérations de maintien de la paix (OMP) Le cadre juridique des OMP s’appuie sur le respect des droits de l’homme et du DIH s’il y a lieu. De façon générale, les casques bleus commettant un crime sous le drapeau onusien peuvent faire l’objet de poursuites à la fois au niveau international et au niveau national (justice militaire ou pénale de tout pays participant à une OMP). Lorsqu’ils recourent à la force, les casques bleus doivent être informés du cadre légal à appliquer pour protéger les civils, qu’il s’agisse des règles du DIH ou des droits de l’homme. Les opérations doivent être planifiées en tenant compte de ces règles. Lorsque les casques bleus participent à des OMP prévues par des résolutions du Conseil de sécurité, ils n’appartiennent pas à un corps militaire onusien, puisqu’il n’en existe pas. Ils font partie de contingents fournis volontairement par leur État de nationalité. Or, en vertu de l’accord-cadre entre les Nations unies et les pays fournisseurs de contingents, c’est au pays d’envoi que revient la compétence de poursuivre judiciairement les soldats accusés d’exactions. Toutefois, l’ONU garde une responsabilité de commandement dans le déroulement de la mission. Elle est donc responsable des actes commis par les membres du personnel de maintien de la paix, dans l’exercice de leurs fonctions et qui pourraient causer des dommages à des tiers. À ce titre, l’ONU peut renvoyer des contingents entiers dans leur État d’origine et leur interdire de participer à de prochaines missions, mais elle ne dispose pas d’un privilège de juridiction. La compétence qui lui échoit reste donc l’indemnisation des victimes sous le régime de la responsabilité civile, la responsabilité pénale individuelle relevant du droit national des États fournisseurs de contingents. Il existe donc deux niveaux de responsabilités partagés entre l’État fournisseur et l’ONU. Par ailleurs, les Nations unies se sont engagées à lutter contre l’exploitation et les abus sexuels au sein de leur personnel civil, policier et militaire. À la suite d’allégations d’abus sexuels commis par du personnel des opérations de maintien de la paix en 2016, elles ont pris des dispositions afin d’être irréprochables dans la conduite des OMP. La prévention en interne de ces violences passe par l’application d’une charte de déontologie à destination des casques bleus, par des programmes obligatoires de formation du personnel civil, policier, militaire, et par des campagnes de sensibilisation dans le pays hôte. L’ONU mène également des investigations quant aux actes commis par son propre personnel et prend des mesures disciplinaires, comme le rapatriement de militaires ou policiers dont la bonne conduite est mise en question et l’interdiction pour ceux-ci de participer à d’autres OMP. Elle s’engage également à fournir une assistance aux victimes de violences sexuelles commises par des membres de son personnel. La création en 2017 à l’initiative d’António Guterres d’un cercle de dirigeants a été un élément majeur de la nouvelle stratégie du Secrétaire général des Nations unies afin de prévenir et mettre fin aux atteintes sexuelles commises par le personnel des Nations unies. À ce jour, soixante-quatorze chefs d’État et de gouvernement sont membres de ce cercle visant à renforcer les mesures de lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, mettre fin à l’impunité et à réagir rapidement aux allégations. Le président de la République Emmanuel Macron a lui-même endossé cette déclaration à l’occasion de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), en septembre 2018.