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développement. Où en est-il ? Je ne parle pas tant de la contribution française, qui
mérite néanmoins un point d’étape, que du fonds lui-même.
M. Jean-Louis Bourlanges. La remarque de M. Petit sur les
ambassadeurs m’a rappelé une anecdote concernant Louis XV. Un solliciteur lui
avait déclaré : « Rappelez-vous, Sire, que je suis du bois dont on fait les
ambassadeurs. » Ce à quoi Louis XV avait répondu : « Je penserai à vous lorsque
j’aurais besoin d’ambassadeurs en bois. »
Je félicite M. Mbaye pour son rapport, que je trouve tout à fait
remarquable. Je suis sensible à l’argumentation développée par Claude Goasguen
et à sa lecture de Georges Duby concernant la déforestation. Néanmoins, je crois
qu’il faut aller plus loin : ce qui est caractéristique, c’est l’après déforestation
européenne. Ainsi, dès Louis XIV et Colbert, la surface des forêts françaises s’est
stabilisée. L’équilibre alors créé a été globalement maintenu puisqu’aujourd’hui
encore, la France et l’Europe sont en cours de reforestation.
Nous devons nous interroger sur le modèle bien plus que sur le processus
de déforestation en lui-même. Quelle est la surface que nous souhaitons, à terme,
voir maintenue en état de forêt ? Quelles sont les essences que nous voulons
conserver ? Quelles sont les latitudes concernées ? La carte que vous nous avez
présentée est fascinante : elle ressemble à celle des enfants du capitaine Grant ! La
déforestation est massive au sud du globe et quasiment inexistante au Nord. Bien
évidemment, cela ne signifie pas que le Nord est vertueux et que le Sud ne l’est
pas ; cela signifie en réalité que le Nord exploite la déforestation du Sud.
Dans ce rapport, les considérations relatives au multilatéralisme me
frappent. Le cœur des propositions repose sur un accord juridique contraignant au
plan mondial et sur une politique européenne. Celle-ci s’articule autour d’outils
très intelligents tels que l’accord de partenariat volontaire et le règlement bois. Ces
outils ont pour conséquence une mise en cause de nos intérêts et de notre
compétence juridique à un échelon multinational. Face à ces enjeux mondiaux,
nous avons des entités politiques prétendument souveraines qui sont totalement
fragmentées, éparpillées et impuissantes. Telle est la conclusion sous-jacente de ce
rapport.
M. Jean François Mbaye, rapporteur pour avis. Je ferai parvenir, le cas
échéant, des réponses écrites aux collègues auxquels je n’aurais pas eu le temps de
répondre ce matin.
Je remercie M. Mahjoubi pour son implication dans les problématiques
que nous avons évoquées. Je ne peux que répondre par l’affirmative à ses
propositions, en particulier celle consistant à créer un espace de travail partagé
permettant d’aller au-delà de la présente réflexion.
Monsieur Goasguen, vous avez posé la question des actes : nous pouvons
agir sur la gestion durable des forêts. À cet égard, j’ai auditionné des acteurs en
charge de la certification. La logique de gestion durable permet d’obtenir la