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Il ne serait pas réaliste de vouloir transposer le régime ambitieux de
protection qui a cours en Antarctique. Les forêts sont des espaces qui abritent des
populations nombreuses et qui représentent, d’une manière ou d’une autre, un fort
potentiel de développement économique. Toutefois, un équilibre permettant
d’arriver à une gestion raisonnée des forêts mondiales peut et doit être trouvé. Il
faut inscrire cette ambition en haut de notre agenda diplomatique pour les mois et
les années à venir, en se fixant comme objectif l’adoption d’une convention-cadre
sous l’égide des Nations unies.
La France, comme elle l’a fait par le passé à propos de la question
climatique, doit jouer un rôle de chef de file. Nous avons plusieurs atouts en la
matière. Notre pays jouit d’une véritable légitimité puisqu’il dispose d’un
important couvert forestier tempéré, en métropole, mais aussi tropical, en Guyane,
où 90 % du territoire est occupé par la forêt amazonienne. La France a une
expertise reconnue, notamment au travers des actions menées par l’Office national
des forêts international (ONFI) et l’Agence française de développement (AFD).
Nous sommes également le premier pays à avoir élaboré et adopté, en 2018, une
stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) – elle est très
ambitieuse.
Les mois qui viennent seront riches en opportunités pour agir
concrètement, au plan européen mais aussi mondial, en faveur de la gouvernance
des forêts. Une négociation est en cours à l’échelle du continent européen en vue
d’aboutir à un accord juridiquement contraignant à l’horizon 2020. Nous devons
continuer à soutenir résolument cette démarche, qui pourrait préfigurer, en cas de
succès, l’élaboration d’un accord plus large sous l’égide des Nations Unies. Le
Congrès mondial de la nature qui se tiendra à Marseille en juin prochain sera, par
ailleurs, une occasion exceptionnelle de mobiliser les chefs d’État et de
Gouvernement, la communauté scientifique mondiale et l’opinion publique
internationale sur cette thématique qui mérite vraiment une attention particulière.
La mobilisation de la France est réelle, comme le montrent les initiatives
engagées lors de la dernière réunion du G7 et en marge de l’Assemblée générale
des Nations unies, en septembre dernier. Notre diplomatie se met en ordre de
bataille avec détermination pour promouvoir l’émergence d’une gouvernance
mondiale en faveur de la préservation et de la restauration des forêts.
Afin que notre diplomatie environnementale puisse disposer de moyens lui
permettant de mener à bien ses missions, je vous invite, mes chers collègues, à
émettre un avis favorable à l’adoption des crédits de la mission Écologie,
développement et mobilité durables pour 2020.
Mme la présidente Marielle de Sarnez. Un grand merci, vraiment, pour
votre connaissance et votre enthousiasme sur ce sujet, depuis le début de nos
travaux. C’est plus que bienvenu, et je pense que l’ensemble de la commission
vous soutient totalement lorsque vous demandez l’émergence d’une gouvernance
mondiale pour les forêts.