Ma première publication Rapport 2 | Page 54

— 54 — Il ne serait pas réaliste de vouloir transposer le régime ambitieux de protection qui a cours en Antarctique. Les forêts sont des espaces qui abritent des populations nombreuses et qui représentent, d’une manière ou d’une autre, un fort potentiel de développement économique. Toutefois, un équilibre permettant d’arriver à une gestion raisonnée des forêts mondiales peut et doit être trouvé. Il faut inscrire cette ambition en haut de notre agenda diplomatique pour les mois et les années à venir, en se fixant comme objectif l’adoption d’une convention-cadre sous l’égide des Nations unies. La France, comme elle l’a fait par le passé à propos de la question climatique, doit jouer un rôle de chef de file. Nous avons plusieurs atouts en la matière. Notre pays jouit d’une véritable légitimité puisqu’il dispose d’un important couvert forestier tempéré, en métropole, mais aussi tropical, en Guyane, où 90 % du territoire est occupé par la forêt amazonienne. La France a une expertise reconnue, notamment au travers des actions menées par l’Office national des forêts international (ONFI) et l’Agence française de développement (AFD). Nous sommes également le premier pays à avoir élaboré et adopté, en 2018, une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) – elle est très ambitieuse. Les mois qui viennent seront riches en opportunités pour agir concrètement, au plan européen mais aussi mondial, en faveur de la gouvernance des forêts. Une négociation est en cours à l’échelle du continent européen en vue d’aboutir à un accord juridiquement contraignant à l’horizon 2020. Nous devons continuer à soutenir résolument cette démarche, qui pourrait préfigurer, en cas de succès, l’élaboration d’un accord plus large sous l’égide des Nations Unies. Le Congrès mondial de la nature qui se tiendra à Marseille en juin prochain sera, par ailleurs, une occasion exceptionnelle de mobiliser les chefs d’État et de Gouvernement, la communauté scientifique mondiale et l’opinion publique internationale sur cette thématique qui mérite vraiment une attention particulière. La mobilisation de la France est réelle, comme le montrent les initiatives engagées lors de la dernière réunion du G7 et en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier. Notre diplomatie se met en ordre de bataille avec détermination pour promouvoir l’émergence d’une gouvernance mondiale en faveur de la préservation et de la restauration des forêts. Afin que notre diplomatie environnementale puisse disposer de moyens lui permettant de mener à bien ses missions, je vous invite, mes chers collègues, à émettre un avis favorable à l’adoption des crédits de la mission Écologie, développement et mobilité durables pour 2020. Mme la présidente Marielle de Sarnez. Un grand merci, vraiment, pour votre connaissance et votre enthousiasme sur ce sujet, depuis le début de nos travaux. C’est plus que bienvenu, et je pense que l’ensemble de la commission vous soutient totalement lorsque vous demandez l’émergence d’une gouvernance mondiale pour les forêts.