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plus particulièrement des plus jeunes, en ce qui concerne l’impact de notre
consommation sur l’état des forêts mondiales.
Les forêts tropicales occupent 12,5 millions de km 2 . Elles ne représentent
qu’une petite partie – 9,8 % – de l’ensemble des terres émergées, mais les
écosystèmes qu’elles abritent sont d’une richesse et d’une diversité considérables.
Alors que ces forêts représentaient 48 % des forêts mondiales en 1990, leur
superficie s’est réduite de 5,5 millions d’hectares par an en moyenne, et elles ne
constituaient plus que 44 % des forêts mondiales en 2015. Ces espaces ont subi, en
moyenne, 90 % des pertes annuelles de forêts naturelles depuis le début des
années 1990. C’est en 2016 qu’on a enregistré la plus forte perte annuelle de
surface dans les forêts tropicales – juste devant 2017, qui a vu l’abattage de
10 milliards d’arbres dans ces zones.
Les forêts mondiales sont mal protégées. La gouvernance internationale se
caractérise en la matière par l’absence de traité spécifiquement consacré aux
forêts. Jusqu’à présent, l’existence d’un clivage entre les pays développés et ceux
en développement a fait obstacle à l’établissement d’un véritable instrument
multilatéral contraignant dans ce domaine. Les pays du Nord font habituellement
valoir que les forêts constituent un patrimoine d’intérêt mondial qui nécessite, en
tant que tel, des dispositions internationales. Les pays du Sud arguent, de leur
côté, du fait que les forêts sont des ressources naturelles, et ils mettent en avant
leur souveraineté sur ce qui constitue un potentiel de développement économique
pour eux.
L’opposition à l’adoption d’un cadre unifié a conduit en 1992, lors du
sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio, à un éclatement des problématiques
environnementales relatives aux forêts entre la convention-cadre des Nations unies
sur les changements climatiques (CCNUCC), la convention sur la diversité
biologique (CDB) et la convention des Nations unies sur la lutte contre la
désertification (CNULCD).
L’absence de cadre juridique international unifié et contraignant
s’accompagne, depuis une vingtaine d’années, d’un foisonnement d’initiatives
internationales et régionales. Certaines d’entre elles produisent des résultats
satisfaisants et peuvent présenter, dans certains cas, l’avantage de faciliter les
échanges entre les acteurs locaux. Cependant, la prolifération des initiatives a pour
effet de diluer la mobilisation générale pour les forêts et d’affaiblir la visibilité de
cette problématique sur la scène internationale.
Les forêts mondiales méritent d’avoir une préservation à la hauteur de leur
importance pour l’intégrité écologique de notre planète. Dans le contexte des
graves menaces qui existent actuellement, une convention-cadre des Nations unies
permettrait d’apporter un niveau de protection plus important, dans un cadre
cohérent et unifié qui bénéficierait d’une meilleure visibilité.