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« Chief Happiness Manager »
par Elodie Casse
Vous l ’ avez ressenti aussi ? Ce moment où nos vies privées se sont métamorphosées en projets aux objectifs SMART , sous le diktat de l ’« happycratie » ? Nous planifions notre temps libre pour garantir des souvenirs saisissants à chaque instantgramable de nos vies . Comme le dit l ’ adage : vivra bien , qui vivra au taquet .
Wanted : Chief Happiness Manager • Did you feel it too ? The moment our private lives became a set of SMART objectives – all in the name of the “ pursuit of happiness ”? We plan our free time around ensuring each and every moment is an unforgettable , instagrammable memory . As the old saying goes : if you want to be happy , make every second count .
From 1980 , with love
Il n ’ y a pas si longtemps , le succès se mesurait au nombre de mots dans un intitulé de poste et de zéros sur une fiche de paie . Deux générations , une crise économique et quelques records de température plus tard , les consciences se sont éveillées .
Le bonheur est désormais un gage social de succès . Horaires flexibles , travail à distance et congés parentaux rivalisent avec commissions et voitures de fonction . On aspire à une meilleure qualité de vie . On rêve d ’ un ordre rétabli , entre le professionnel et le personnel . Et jusque-là , tout va bien . Ou presque .
La course à la performance n ’ aurait-elle pas simplement changé d ’ apparence ?
Il faut vivre . Il faut vivre pleinement . Il faut vivre heureux .
Et c ’ est ce même engrenage , dont les mécanismes ont été testés et éprouvés circa 1980 , qui s ’ enclenche . Avec les mêmes pièges .
Être ou ne paraître
Il souffle comme un vent de rébellion contre l ’ ordinaire et l ’ ennui . La société contemporaine ordonne l ’ entrain et l ’ allégresse .
L ’ humain accompli de 2022 est heureux en toutes circonstances et ne paraît pas connaître de mauvais jour . Sur ses multiples fils d ’ actualité , tout est sourire , tout est plaisir . Vous profitez d ’ un cliché pour vous évader . Doucement , vous vous imprégnez de cet idéal de vie . Et jusque-là , tout va bien . Ou presque .
Oublierait-on qu ’ un tel diktat sociétal entraîne dans son sillage des dépressions ?
Il faut vivre . Il faut vivre pleinement . Il faut vivre heureux .
Chaque image prend des allures de publicité – le blues c ’ est so passé . Chaque regard sur le bonheur des autres synthétise des besoins – rarement réels , parfois superficiels , souvent artificiels . Le mal-être vient en rampant . La culpabilité le talonne . Et on contre-attaque de plus belle .
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