RODRIGUES
Pour ces frères de la côte , être un bon régatier est avant tout une question d ’ honneur . Non seulement pour son équipage , mais aussi parce que ce dernier représente son village et la réputation de ces navigateurs . Depuis des générations , les Rodriguais ont un rapport privilégié avec ces joutes marines au gré des vents . Les régates font partie de leur ADN . Il existe d ’ ailleurs une ligue très active et les noms de certaines pirogues sont très populaires tout le long du littoral : Cyclone , Lichien , Frégate , La Flamme ...
J ’ ai souvent photographié les régates à Maurice et , durant mon passage à Rodrigues , il fallait absolument que j ’ immortalise sur pellicule argentique un tel événement . Sur un scooter , rendez-vous au village de Graviers . Sur place , j ’ ai fait la connaissance de mon contact local , le très sympathique « Bobo », qui est un peu le « Master of Ceremony » de ces compétitions . Très attaché aux traditions , il fait partie de ces quelques passionnés qui se battent contre vents et marées pour que cet art survive .
Sous un soleil écrasant , on réalise vite que le départ n ’ aura pas lieu avant une bonne paire d ’ heures : sur cette petite île , on sait encore prendre le temps de vivre . Peu importe , la préparation des pirogues est à elle seule un spectacle . C ’ est le moment où les concurrents font les derniers réglages de leurs voiles et autres gréements . On discute stratégies , vents et voiles . Pendant que les enfants barbotent dans l ’ eau , les villageois s ’ installent à l ’ ombre des filaos . Les alizés portent une odeur de grillades et le son des ravannes .
Malheur à l ’ équipe qui chavire ! Malgré une ambiance bon enfant , il faut gagner .
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