INVEST IN MAURITIUS
L’ambition est donc de transformer Port-Louis en centre
portuaire régional…
Cette nouvelle zone maritime s’étendra sur plus de 8 km, de
Grande-Rivière-Nord-Ouest à Baie-du-Tombeau. Il y aura
une marina pour les bateaux de croisière et de plaisance avec un
terminal, le port de pêche, le port franc et le hub qui accueillera
les activités de bunkering, c’est-à-dire l’approvisionnement en
produits pétroliers. Sur 30 000 bateaux qui circulent chaque
année dans la région, nous pensons en avoir un minimum
de 5 à 6000 d’ici six ans. Tous ont besoin d’être approvisionnés
en produits pétroliers mais aussi en nourriture. Nous avons presque
finalisé les discussions avec Dubaï Port World, l’un des plus
gros gestionnaires de ports de la planète, et les travaux devraient
commencer au premier semestre 2016.
En fait, notre stratégie est que Maurice soit pour l’Afrique, ce
que Singapour est pour le Sud-Est asiatique et Dubaï est pour le
Moyen-Orient. Vous savez, le commerce maritime dans la région
représente plus de 3 milliards de dollars par an, c’est énorme !
Tant que l’Afrique dormait, le port dormait. C’est l’éveil de
l’Afrique qui fait que Maurice retrouve son destin historique
d’étoile et de clé de l’océan Indien. Et pour cela, nous devons avoir
le port maritime le plus moderne de toute la région.
En quoi une coopération économique avec l’Afrique est-elle
intéressante pour Maurice ?
L’Afrique est devenue incontournable. Ensuite, quand l’Afrique
s’éveille, l’île Maurice s’éveille sur le plan de l’Afrique.
Jusqu’à présent, les Africains avaient une position ambiguë vis-àvis des Mauriciens. Mais ce qui se passe actuellem ent est nouveau :
ce sont les pays africains, eux-mêmes, qui nous demandent
d’investir chez eux.
Pourquoi ?
Ils trouvent maintenant en l’île Maurice cette nouvelle puissance
régionale. Pas seulement eux, d’ailleurs ! Pourquoi croyez-vous que
des groupes comme DP World ou Macquarie acceptent de venir !
Le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Maroc, la Zambie,
l’Ouganda, le Mozambique et Madagascar ont fait appel à nous
pour mettre en place des zones économiques spéciales
(Special Economic Zone). Et pour les développer, nous avons inventé
des véhicules spéciaux d’investissement (SPV, Special Purpose
Vehicles), des fonds d’investissement uniques au monde.
Comment fonctionnent-ils ?
Pour donner naissance à un SPV, il faut qu’il y ait un accord
bilatéral, ce qui suppose une volonté politique très forte de
coopération. Ce que nous avons fait avec le Ghana : Maurice
détiendra 60 % des actions et le Ghana 40 %. Les investisseurs
qui passeront par ce canal bénéficieront d’exemptions de droits
de douane et de TVA sur les intrants. Et il n’y a pas d’impôts
sur les sociétés pendant dix ans.
Cela concerne-t-il tous les investisseurs ?
Oui, nous parlons de devenir le canal pour des centaines de
milliards de dollars d’investissements. Cela ne peut se faire que si
les grands centres financiers jouent le jeu avec nous. Nous sommes
en train de développer deux corridors d’investissement :
le corridor du Sud-Est asiatique qui passe par Singapour, en
transitant à Maurice pour entrer en Afrique et le corridor moyenoriental qui passe par Dubaï. Ce sont des fonds colossaux, on
parle de fonds souverains, de gestionnaires de grosses fortunes.
Et il n’y aura pas de moyen plus sûr pour investir en Afrique.
Les investissements seront-ils garantis contre le risque
politique ?
Les investisseurs devront payer des development fees au SPV pour
pouvoir en bénéficier. Ces revenus nous permettront de payer
une assurance contre le risque politique, auprès de la Multilateral
Investment Guarantee Agency, un organisme de la Banque
mondiale. Ce qui veut dire qu’un pays qui ne jouerait pas le jeu
aurait de gros problèmes.
« Il est indispensable
d’adopter une approche
holistique, c’est-à-dire, oui
à une croissance économique,
non à la destruction de la
qualité de vie. »
Où est l’intérêt de Maurice ?
Le SPV va dégager une série de projets directs qui vont profiter
à Maurice en lui permettant d’être présent en Afrique au titre
de la coopération Sud-Sud, dans le respect de l’autre.
On n’y va pas pour exploiter, mais pour travailler ensemble
au développement commun. Savez-vous que des entreprises
mauriciennes qui ont déjà investi à l’étranger réalisent jusqu’à
60 % de leurs bénéfices à partir de leurs activités internationales ?
Revenons à Maurice avec un autre projet phare, les Smart
Cities. Treize projets ont été approuvés. Quel est ce concept ?
C’est un concept de développement de zones résidentielles très
novateur, ouvertes à toutes le couches sociales, avec un respect
total de l’environnement, la capacité de produire des énergies
renouvelables, un transport public intérieur électrique, connecté
en termes de technologies. Une Smart City, c’est là où l’on travaille,
on vit et on joue, ce qui implique des complexes résidentiels, des
bureaux et des infrastructures de loisirs.
Ne risquent-elles pas de créer une pression insoutenable
d’un point de vue environnemental ?
Je suis un obsédé de l’environnement. Tous les projets
comportent une composante environnementale intégrée, parce
que si la planète peut vivre sans nous, nous ne pouvons vivre
sans elle. L’avidité humaine a abouti à la surexploitation
LUXURY MAURITIUS
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