Luxury Indian Ocean No3 Édition 2016 | Page 54

ULTRALUXE Comment êtes-vous entré dans l’histoire mauricienne ? À Bel Ombre, je transforme l’histoire d’une maison pour la rendre vibrante, personnelle, intimiste. Un projet fait d’exotisme, d’élégance, de nonchalan ce et de précision ! Maurice permet singulièrement d’exalter tous les sens : marcher pieds nus, entrer dans une eau à bonne température, s’abandonner aux senteurs naturelles, aux chants des oiseaux… J’ai demandé à un paysagiste qu’il installe des essences butterfly et birds friendly ! Quel principe guide votre réflexion dans ce cas précis ? J’ai voulu donner à mes clients la possibilité de se recentrer sur eux-mêmes et ceux qu’ils aiment. La réflexion se fonde sur le rapport intérieur-extérieur, donner et recevoir… J’aime ce genre de flux. Ce qui implique une vision versatile, divers espaces offerts à tous les désirs : une fête disco avec des amis ou un moment de solitude méditative ! Comment l’art a-t-il surgi dans votre vie ? L’entourage familial ? Absolument pas ! C’est une histoire personnelle où la direction artistique s’est finalement imposée à une autre grande passion, l’aviation. À dix ans, mes cahiers de maths étaient déjà remplis de dessins ! Après mon bac, j’ai commencé une première vie dans la mode. Dix-huit années merveilleuses pendant lesquelles j’ai travaillé en Asie, chez Lanvin, Givenchy… Avec aussi le « plus qu’extraordinaire » Karl Lagerfeld que j’ai assisté avec enchantement pendant huit ans. Comment alors s’est fait le passage à l’architecture intérieure ? Il y a eu des breaks, des allers-retours entre les deux domaines… J’ai vécu, chez Givenchy, une expérience fabuleuse qui a regroupé mes trois passions : j’ai été directeur de projet pour repenser les classes première et business de Singapour Airlines. Ce fut le pont vers votre seconde vie ? Hmm, un peu… On a tout dessiné ! Penser global est ce qui me plaît le plus. Une grande densité posée en ces termes : qui sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? Comment y aller ? Finalement, comment est née l’Agence Stéphane Parmentier ? Un jour est venu le moment de me dire : « Maintenant, fais ce que tu as toujours eu envie de faire : l’architecture ! » J’ai eu immédiatement de magnifiques chantiers. Puis j’ai lancé des collections d’objets dont une, pour Ormond Éditions, a eu un succès immédiat. Hermès m’a demandé un pop up store, Orange de refaire son siège social… Depuis trois ans, je suis le directeur artistique de Christofle et du Printemps de la Maison et, depuis six mois, de Lou Fagotin ! Vous êtes né avec un sens aigu de l’organisation ! Oui, j’ai cette chance. Et l’agence est parfaitement organisée autour de trois activités : l’architecture intérieure, les trois directions artistiques et le design. Beaucoup de collections sont en préparation, CTO (du luminaire anglais), Petit h, du mobilier en porcelaine, notre propre collection… 52 LUXURY MAURITIUS Une entreprise, avec toutes ses contraintes, n’est-elle pas antinomique d’une forme de désinvolture vis-à-vis du réel, nécessaire pour le repenser, pour créer ? On pourrait le croire, mais je ne travaille pas dans la désinvolture, je me plonge plutôt dans un sujet pour continuer son histoire et non la réécrire. J’adore aller au cœur des choses pour mieux m’en extraire et y replonger. J’aimerais être plus désinvolte mais – c’est mon défaut et ma qualité – je suis très concentré sur le sujet… Le plus dur est de garder le cap pour atteindre cette lumière qui m’est apparue pendant une seconde. C’est toute une philosophie que je veux transmettre aux équipes pour l’avenir de l’entreprise. Une philosophie à l’origine de ce que vous nommez joliment le « luxe silencieux »… Est-ce que ça élimine d’emblée le kitsch, l’hyperbole ? Pas du tout ! Le luxe silencieux a plus un rapport avec les sensations qu’avec le regard. Il convoque l’individu plutôt que le groupe. Je veux rapatrier les sensations, les détails à une échelle humaine, personnelle, et non bruyante et internationale. Du cœur des choses au cœur de l’être humain… C’est ça. Nous travaillons énormément sur les matériaux. Pour le bonheur de marcher pieds nus, plutôt qu’un grès cérame, je vais choisir des pierres de lave, toutes uniques, auxquelles je vais apporter une patine particulièrement soyeuse ! Je ne cherche pas les effets gratuits mais les vibrations intimes, une sorte d’harmonie chaque jour plus indispensable, que j’espère, pour finir, spirituelle… What has brought you to work in Mauritius? I am transforming in Bel Ombre, the essence of a house to make it vibrant, personal, and intimate. A project fuelled by exoticism, elegance, nonchalance and precision! Like no other place, Mauritius allows an exaltation of all the senses: walk barefoot, step into water that is just at the right temperature, abandon oneself to the natural scents, and to the sound of singing birds… I’ve asked for butterfly and bird-friendly fragrances from a landscaper! What’s the principle that guides your reflection in this particular case? I wanted my clients to have an opportunity to refocus on themselves and on what they like. The reflexion is based on a relationship between the interior and the exterior, between giving and receiving… I like this kind of flow, which implies a versatile vision, with various spaces designed to fulfil all desires: a disco party with friends or a moment of loneliness conducive to meditation! How did art come into your life? Was it due to your family environment? Not at all! It’s a personal story whereby artistic direction finally got the upper hand over another great passion, aviation. When I was ten years old, my maths copybooks were already full of drawings! Following my baccalaureate, I initiated my professional career in fashion. Eighteen marvellous years during which I worked in Asia, for Lanvin, Givenchy… And also for the “more than extraordinary” Karl Lagerfeld, whom I delightedly assisted for eight years.