ULTRALUXE
Comment êtes-vous entré dans l’histoire mauricienne ?
À Bel Ombre, je transforme l’histoire d’une maison pour la
rendre vibrante, personnelle, intimiste. Un projet fait d’exotisme,
d’élégance, de nonchalan ce et de précision !
Maurice permet singulièrement d’exalter tous les sens : marcher
pieds nus, entrer dans une eau à bonne température, s’abandonner
aux senteurs naturelles, aux chants des oiseaux… J’ai demandé à
un paysagiste qu’il installe des essences butterfly et birds friendly !
Quel principe guide votre réflexion dans ce cas précis ?
J’ai voulu donner à mes clients la possibilité de se recentrer sur
eux-mêmes et ceux qu’ils aiment. La réflexion se fonde sur le
rapport intérieur-extérieur, donner et recevoir… J’aime ce genre
de flux. Ce qui implique une vision versatile, divers espaces offerts
à tous les désirs : une fête disco avec des amis ou un moment de
solitude méditative !
Comment l’art a-t-il surgi dans votre vie ? L’entourage familial ?
Absolument pas ! C’est une histoire personnelle où la direction
artistique s’est finalement imposée à une autre grande passion,
l’aviation. À dix ans, mes cahiers de maths étaient déjà remplis
de dessins ! Après mon bac, j’ai commencé une première vie
dans la mode.
Dix-huit années merveilleuses pendant lesquelles j’ai travaillé
en Asie, chez Lanvin, Givenchy… Avec aussi le « plus
qu’extraordinaire » Karl Lagerfeld que j’ai assisté avec
enchantement pendant huit ans.
Comment alors s’est fait le passage à l’architecture intérieure ?
Il y a eu des breaks, des allers-retours entre les deux domaines…
J’ai vécu, chez Givenchy, une expérience fabuleuse qui a regroupé
mes trois passions : j’ai été directeur de projet pour repenser les
classes première et business de Singapour Airlines.
Ce fut le pont vers votre seconde vie ?
Hmm, un peu… On a tout dessiné ! Penser global est ce qui
me plaît le plus. Une grande densité posée en ces termes : qui
sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? Comment y aller ?
Finalement, comment est née l’Agence Stéphane Parmentier ?
Un jour est venu le moment de me dire : « Maintenant, fais
ce que tu as toujours eu envie de faire : l’architecture ! »
J’ai eu immédiatement de magnifiques chantiers.
Puis j’ai lancé des collections d’objets dont une, pour Ormond
Éditions, a eu un succès immédiat.
Hermès m’a demandé un pop up store, Orange de refaire son
siège social… Depuis trois ans, je suis le directeur artistique
de Christofle et du Printemps de la Maison et, depuis six mois,
de Lou Fagotin !
Vous êtes né avec un sens aigu de l’organisation !
Oui, j’ai cette chance. Et l’agence est parfaitement organisée
autour de trois activités : l’architecture intérieure, les trois
directions artistiques et le design. Beaucoup de collections sont
en préparation, CTO (du luminaire anglais), Petit h, du mobilier
en porcelaine, notre propre collection…
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LUXURY MAURITIUS
Une entreprise, avec toutes ses contraintes, n’est-elle pas
antinomique d’une forme de désinvolture vis-à-vis du réel,
nécessaire pour le repenser, pour créer ?
On pourrait le croire, mais je ne travaille pas dans la désinvolture,
je me plonge plutôt dans un sujet pour continuer son histoire et non
la réécrire. J’adore aller au cœur des choses pour mieux m’en extraire
et y replonger. J’aimerais être plus désinvolte mais – c’est mon défaut
et ma qualité – je suis très concentré sur le sujet… Le plus dur est de
garder le cap pour atteindre cette lumière qui m’est apparue pendant
une seconde. C’est toute une philosophie que je veux transmettre
aux équipes pour l’avenir de l’entreprise.
Une philosophie à l’origine de ce que vous nommez joliment
le « luxe silencieux »… Est-ce que ça élimine d’emblée le kitsch,
l’hyperbole ?
Pas du tout ! Le luxe silencieux a plus un rapport avec les sensations
qu’avec le regard. Il convoque l’individu plutôt que le groupe.
Je veux rapatrier les sensations, les détails à une échelle humaine,
personnelle, et non bruyante et internationale.
Du cœur des choses au cœur de l’être humain…
C’est ça. Nous travaillons énormément sur les matériaux. Pour le
bonheur de marcher pieds nus, plutôt qu’un grès cérame, je vais
choisir des pierres de lave, toutes uniques, auxquelles je vais apporter
une patine particulièrement soyeuse ! Je ne cherche pas les effets
gratuits mais les vibrations intimes, une sorte d’harmonie chaque
jour plus indispensable, que j’espère, pour finir, spirituelle…
What has brought you to work in Mauritius?
I am transforming in Bel Ombre, the essence of a house to make
it vibrant, personal, and intimate. A project fuelled by exoticism,
elegance, nonchalance and precision! Like no other place, Mauritius
allows an exaltation of all the senses: walk barefoot, step into water
that is just at the right temperature, abandon oneself to the natural
scents, and to the sound of singing birds… I’ve asked for butterfly
and bird-friendly fragrances from a landscaper!
What’s the principle that guides your reflection in this particular
case?
I wanted my clients to have an opportunity to refocus on themselves
and on what they like. The reflexion is based on a relationship
between the interior and the exterior, between giving and
receiving… I like this kind of flow, which implies a versatile vision,
with various spaces designed to fulfil all desires: a disco party with
friends or a moment of loneliness conducive to meditation!
How did art come into your life? Was it due to your family
environment?
Not at all! It’s a personal story whereby artistic direction finally got
the upper hand over another great passion, aviation. When I was
ten years old, my maths copybooks were already full of drawings!
Following my baccalaureate, I initiated my professional career in
fashion. Eighteen marvellous years during which I worked in Asia,
for Lanvin, Givenchy… And also for the “more than extraordinary”
Karl Lagerfeld, whom I delightedly assisted for eight years.