CULTURE
Tu seras artiste,
mon enfant
YOU SHALL BE AN ARTIST, MY CHILD
Entre sa passion pour l’art et son amour d’une
capitale qu’il a dans le sang, Salim Currimjee
nous reçoit, des projets plein la tête,
dans sa fondation ICAIO.
Between his passion for Art and his love for a capital
that runs through his veins, Salim Currimjee greets us,
in between exhibitions, at his ICAIO Foundation.
PAR VICTOR GENESTAR
Maurice, quand on demande à un enfant ce
qu’il souhaiterait faire plus tard, jamais il ne
vous répondra : devenir artiste. Être un artiste
n’est pas une option ! ». Salim Currimjee veut
faire évoluer les mentalités, et a ouvert depuis
mai 2015 les portes d’ICAIO (Institute of
Contemporary Art Indian Ocean) dans sa ville de
cœur. Dans un bâtiment préservé du Port-Louis
historique, au 51 de la rue commerçante Sir Seewoosagur Ramgoolam
(SSR), cette fondation non-commerciale fait découvrir au public de
grands noms de l’art contemporain de la région.
Récemment, Pieter Hugo, célèbre photographe sud-africain, exposait
ses portraits d’une Afrique à vif. Des photos sidérantes, qui ont fait le
tour du monde. Un artiste que 50 enfants mauriciens ont pu découvrir
en chair et en os, à travers des ateliers organisés au ICAIO. « J’espère
qu’il deviendra un modèle pour certains d’entre eux » nous explique un
Salim Currimjee créateur de vocations.
En l’absence d’un musée d’art national qui manque cruellement, les
premières pierres d’un Port-Louis sensible à l’art sont posées. Après une
parenthèse américaine, le célèbre dessinateur, peintre et photographe
revient à 28 ans sur son île, armé d’une volonté de fer. Depuis 1993,
il travaille dans ce bâtiment et connaît par cœur les moindres recoins
de la capitale. Ses expositions solos sont toujours un événement. Neuf,
exactement, et toujours dans un lieu insolite du centre de Port-Louis.
D’un vieux local désaffecté de la rue Louis Pasteur à cette exposition à
même le trottoir sur William Newton Street, en passant par l’utilisation
de l’immense Grenier en 1998, ses expositions ont le charme de la rue
et l’atmosphère de la découverte.
De sa maison, où il dessine tous les jours sur la côte nord-est de l’île
à Poste Lafayette, à sa fondation ICAIO, Salim Currimjee prépare
sa prochaine exposition entre crayon et peinture, avec cette volonté
farouche d’interpeller les plus jeunes. « L’art doit prendre une place plus
importante dans l’éducation des Mauriciens. Les métiers dans l’art sont
nombreux et être un artiste devrait être aussi crédible qu’être médecin
ou avocat ». Vous entendez, les enfants ?
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LUXURY MAURITIUS