Luxury Indian Ocean LUXURY MAURITIUS #6 EDITION 2018 | Page 122

TENDANCES L'équipe Island bio de gauche à droite (Island Bio team left to right): Clöé Chavry, Madvee Muthu & Olivier Fanfan À l’ère de la consommation frénétique dans laquelle se trouve notre société, nous oublions parfois l’importance d’une nourriture saine. À l’île Maurice, où l’agriculture traditionnelle reste encore parfois fortement imprégnée de pratiques héritées du passé, les consciences commencent à se réveiller. Le pays, qui en est encore à ses balbutiements en terme de bio, est pourtant une pépinière d’initiatives inspirantes, appelant à une agriculture plus raisonnable et responsable. En effet, l’intérêt pour ce domaine semble avoir pris un tournant inédit, charmant tour à tour consommateurs, agriculteurs et entrepreneurs. Misant sur des pratiques agricoles plus écologiques, ces acteurs de l’agriculture à Maurice travaillent à donner un souffle nouveau à une industrie encore trop reléguée à l’arrière-plan. Proxifresh, entreprise née sous l’impulsion de Yan Mayer, compte parmi les pionnières en la matière. Créée il y a dix ans dans le but de produire des fruits et légumes de qualité, elle prône une agriculture raisonnée œuvrant pour un respect de l’environnement et de la santé et n’ayant recours à des produits chimiques qu’en cas de force majeure (par exemple, en cas d’attaque de ravageurs). Encadré par une équipe d’agronomes français, Yan Mayer lance la société Pure Farming en 2016, misant sur « le moins de chimique possible pour le meilleur rendu écologique possible », nous explique Yoann Michenet, agronome partenaire de l’entreprise. Les fruits et légumes, testés et approuvés par le laboratoire d’analyses Quantilab, peuvent donc être produits en plus grande quantité à des prix plus abordables pour répondre à la demande grandissante du marché. Pour Yan Mayer, une agriculture biologique pure et dure reste compliquée pour produire à grande échelle à Maurice. Pour mieux comprendre les enjeux d’un tel mode d’agriculture, il est nécessaire de démystifier ce concept qui prend de plus en plus d’ampleur dans nos vies et dans nos assiettes. « Le bio, c’est avant tout un cahier des charges à respecter. Mais ce cahier est différent de pays en pays. Quand on dit bio, ça ne veut pas forcément dire sans produits chimiques », nous explique Yoann Michenet. De plus, l’île présente des problématiques bien particulières qui doivent aussi être prises en compte : un climat tropical souvent difficile, des ravageurs propres au milieu (telle que la mouche des fruits), un manque de formation et un lobbying assez présent sur les produits phytosanitaires. Et pourtant, produire bio à Maurice ne relève pas de l’impossible et d’innombrables petites structures militent même en ce sens. C’est le cas d’Oliver Fanfan, un jeune homme bien décidé à bouleverser les systèmes établis. Créateur des jardins communautaires Island Bio, Oliver Fanfan a eu un rêve et l’a réalisé : créer un espace où agriculture et social s’entremêlent. Island Bio, c’est avant tout un projet 122 humain qui recueille des personnes en difficulté et leur donne le goût de la terre. Son combat : « Qu’il y ait une justice de la santé, que tous aient accès à de la nourriture de qualité et à petit prix, sans pesticides », nous raconte-t-il. Un retour à la terre en respectant la biodiversité. Ce projet révolutionnaire, qui cherche à briser les barrières sociales et économiques, est aussi une philosophie de vie qui séduit et touche de plus en plus de personnes. Avec un « supermarché à ciel ouvert », le client est donc invité à choisir ses propres légumes et à interagir directement avec le planteur, sans intermédiaire. Les efforts pour une agriculture biologique ne manquent donc pas et la naissance d’autres initiatives telles que Le Vélo Vert, Forena, Agribio, le prouvent. Faire de l’agriculture sans pesticides n’est donc pas une idée complètement utopique, mais les efforts restent tout de même plutôt isolés, le rendement étant malheureusement trop faible et non viable pour le privé, à moins d’être sponsorisé. Même si ces pratiques peinent encore quelque peu à s’imposer sur le marché local, tous s’accordent pourtant à dire qu’il y a une réelle prise de conscience de la population quant au « manger sain ». Les producteurs se tournent de plus en plus vers une agriculture raisonnée ou biologique. Le véritable défi reste, selon Yoann Michenet, la mise en place d’une souveraineté alimentaire, qui mettrait un point d’honneur à privilégier la production locale et durable de produits sains et adaptés au milieu. Cette nouvelle ère du bio à Maurice présente donc une grande richesse de possibilités pleines de promesses qui ne demandent qu’à être exploitées. In the hyperconsumerist society we are living in, it is often easy to forget the importance of a healthy diet. In Mauritius, where traditional farming may be widely dominated by practices of the past, consciences are slowly awakening. And though organic farming is still at its early stages, the island turns out to be a hotbed of inspiring initiatives for the promotion of sustainable and eco-responsible agriculture. Indeed, interest in the matter has grown like never before among consumers, farmers and business developers. Actors of the Mauritian agricultural sector are making a shift towards more ecological farming practices in an attempt to revive an industry that has often been left on the back burner. Born under the impulse of Yan Mayer, Proxifresh has been a pioneer in the field. The company, which was created ten years ago to produce quality fruits and vegetables, has been advocating sustainable farming in support of public health and environmental preservation, while limiting the use of chemicals to emergency pest control only. Supported by a team of French agronomists, Yan Mayer launched Pure Farming in