Luxury Indian Ocean LUXURY INDIAN OCEAN #9 EDITION 2019 - 2020 | Page 28

RODRIGUES Rodrigues, île verte ! Par Mélissa Leclézio À l’heure où le monde entier s’éveille à l’écologie, Rodrigues poursuit tranquillement l’objectif qu’elle s’est donné depuis longtemps : celui de devenir une île verte. Quelles sont les mesures phares prises ces dernières années ? Qui est à l’origine des initiatives déployées ? Constats, résultats et inspiration pour les autres îles de l’océan Indien. A green island . At a time when the world has become more environmentally aware, Rodrigues is calmly pursuing the aim it has had for some time: to become a green island. What are the main steps taken by the island in recent years? And who is behind the initiatives? An overview of the achievements and inspiring moves with regards to the other island of the Indian Ocean. Une force citoyenne Lors d’une de mes récentes randonnées à Rodrigues, mon guide Ivan me confie qu’il veut créer un mouvement de protection des plantes endémiques chez les jeunes. Sa logique est simple : les ados pourraient se faire du bien en marchant, et faire du bien à l’île en désherbant des espèces envahissantes. Des Rodriguais comme Ivan, il y en a beaucoup. Le sens du civisme à Rodrigues va de pair avec une envie de protéger le patrimoine naturel, car les habitants savent que la survie économique de l’île repose sur ses lagons qui abondent de poisson et la beauté de ses paysages. « La protection de l’environnement est leur présent et assurera leur futur, [et ils l’ont compris] », écrivait Vassen Kauppaymootoo, ingénieur en environnement et océanographe. Ensemble vers le vert Qu’elles soient « grassroot » ou forment partie d’un réseau, les associations œuvrant pour l’environnement à Rodrigues sont nombreuses. Alors que Ter-mer Rodriguez a pour but de promouvoir le développement durable, d’autres ont été subventionnées depuis 2017 pour des projets réalisés dans le cadre du programme de gestion intégrée des zones côtières (ICZM) – notamment la Mauritius Wildlife Foundation pour la restauration de la réserve d’Anse Quitor et l’Association des Pêcheurs de Mourouk pour la réhabilitation du bassin versant Var Brûlé. La Commission de l’océan Indien (COI) ou encore Switch-Africa Green s’engagent pour la protection du patrimoine naturel rodriguais en investissant dans ces initiatives et dans leurs propres projets. Switch- Africa Green, par exemple, subventionne le Centre de formation agricole Frère Rémi, où des adolescents en situation d’échec scolaire reçoivent une formation professionnelle. Clifford Spéville, un ancien élève, m’explique que les élèves sont formés à la création d’un modèle de ferme durable et aux pratiques agricoles biologiques. Ces jeunes Rodriguais contribueront un jour à l’expansion de l’agriculture verte sur l’île. Une hôtellerie responsable Le tourisme à Rodrigues n’en est qu’à ses balbutiements, mais ses acteurs ont envie de bien faire les choses. L’hôtel Cocotiers vient de s’équiper d’une centrale de dessalement qui produit la totalité de sa consommation quotidienne. « Cette machine française est unique au monde : elle est alimentée par 70 panneaux solaires sans utilisation de batterie », me dit Alain Paillusseau, son directeur. Non loin, Bakwa Lodge séduit par sa décoration « récup’ » fabriquée par des artisans rodriguais. Ce lodge écolo, parsemé de plantes indigènes, ne propose pas de buffet pour éviter le gaspillage, achète des produits de saison chez les producteurs locaux et utilise son propre compost. Pas de piscine non plus, ni de télévision et peu de lumières le soir pour faire des économies d’énergie. Le spectacle des étoiles sur l’océan est bien plus impressionnant ! 28