Luxury Indian Ocean LUXURY INDIAN OCEAN #7 EDITION 2018 | Page 31

DÉCOUVERTES Carte publiée en 1675 par de Wit dans son Zee Atlas . Collection Pipo Lenoir, tirée du livre de Pipo Lenoir & Pascal Soufflet, Ile Maurice voyage au gré des cartes, éditions Vizavi, île Maurice 2017 inexistantes, des monstres improbables et des obstacles imaginaires. Les portulans deviendront alors l’illustration de récits de marins... à défaut d’être de véritables outils de navigation. Ce n’est qu’au 18 ème siècle que les cartes évoluent vers plus de précision et de rigueur, grâce à des inventions qui ont perfectionné le relevé des données, comme l’octant ou le sextant. La carte devient alors une forme de transmission de savoir scientifique. Les dessinateurs de cartes Christophe Colomb, Magellan... autant de noms qui ont marqué l’Histoire. Ces explorateurs ont risqué leur vie au profit des Grandes Découvertes, surmontant les océans et couchant le fruit de leurs expéditions sur des cartes fructueuses. Le navigateur français Jean \ Baptiste D’Après de Mannevillette fut lui aussi rendu célèbre pour sa création d’un atlas de cartes, Le Neptune Oriental (ou Routier général des côtes des Indes Orientales et de la Chine), de 1730 à 1772 – ouvrage qui lui permit de corriger les latitudes de nombreux repères sur la route vers la Chine grâce à l’utilisation d’outils avancés et précis. Parmi les dessinateurs de cartes, deux écoles se côtoient : les « pilotes », la plupart du temps illettrés et rustres, qui dessinaient des portulans très basiques pour se rendre d’un port à l’autre ; et les « cosmologues », EDITION #7 plus rigoureux mais souvent jugés par les pilotes comme des hommes incapables de tenir sur un navire. D’après la légende, Christophe Colomb connaissait les théories des cosmologues mais était un excellent pilote. La recette de sa gloire ? Il aura fallu des siècles pour dessiner un territoire aussi immense que l’océan Indien. Pour arriver à ce qui nous paraît aujourd’hui une évidence, les cartes se sont succédées, dessinées tour à tour par des explorateurs qui cherchaient à élucider le mystère de cet océan. Une avancée notamment ralentie par le fait que les cartes retransmettaient avant tout les impressions et connaissances de leur auteur... mais aussi leurs point de vue et message – qu’il soit politique, religieux ou social. Elles entraient donc souvent en contradiction et ne faisaient pas toujours l’unanimité. Aujourd’hui, les chefs d’œuvre historiques et romancés des explorateurs ont laissé la place à des cartes ultra précises et digitalisées, faisant disparaître les doutes et autres mythes. Le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) a pris le relais des explorateurs : il retranscrit rigoureusement l’environnement physique marin et en prévoit l’évolution, aidé de satellites, sondes et radars. La fiabilité des données dont nous disposons aujourd’hui n’empêche pas l’océan de toujours nous jouer des tours, et de conserver certains de ses plus grands mystères… 31