L'Itinérant 1135 Le droit de bien vieillir | Page 40

Libre opi-gnon

UNE RENCONTRE Histoire vraie

C

’ était un froid matin d’ hiver. En traversant la petite place devant sa maison, il remarqua un chat qui l’ arpentait. Rien de plus normal, à la campagne? Pas vraiment. Il n’ en avait jamais vu là depuis huit ans qu’ il vivait ici. Mais ce furent plutôt sa jeunesse apparente, l’ incitant à penser qu’ il venait d’ arriver et était un peu perdu, et sa couleur noire, semblable à celle de la petite chatte qu’ il avait recueillie, puis dû laisser derrière lui au moment de son divorce, vingt ans auparavant, qui attirèrent surtout son attention. Il s’ approcha. Le chat vint à sa rencontre. Il semblait vraiment perdu, il faisait froid, et de fortes averses de neige étaient attendues pour le lendemain. Il le prit, l’ emmena chez lui et lui offrit un bol de lait. Déjà ça de donné et de pris … Mais il sortait. Le chat l’ accompagna dehors, jusqu’ à sa voiture, et le regarda partir dans son étrange machine … Sur la route du retour, il se demanda ce qu’ il ferait si le chat était encore là. Depuis sa dernière expérience, il s’ était juré de ne plus reprendre un animal, chat ou chien, chez lui. D’ abord pour rester libre, mais surtout pour ne pas avoir à revivre une séparation inévitable à terme, et le chagrin qu’ elle peut provoquer pour peu qu’ on s’ attache. Et il savait qu’ il s’ attacherait, mais pas encore à quel point … Rentré, il fut donc un peu soulagé de ne pas le revoir. Mais aussi un peu
inquiet de savoir ce qu’ il allait devenir … Le lendemain matin, il descendit pour prendre son petit-déjeuner. En passant devant la porte, il attendit gratter. Il ouvrit. Le petit chat noir était revenu, et s’ invitait. Il le fit entrer, lui servit un autre bol de lait … et fut pris au piège. En été, il l’ aurait remis gentiment dehors, en lui donnant rendez-vous pour le lendemain matin. Mais là, il faisait vraiment froid … C’ est ainsi que le petit chat noir s’ installa dans sa maison, et entra dans sa vie. Le petit chat s’ avéra être une petite chatte. Il l’ appela Kitty. Tout du moins « officiellement ». Car quand il en parlait à ses amis( peut-être parfois un peu trop souvent à
48 leur goût …), c’ était plutôt Pimprenelle quand elle était « sage »( le plus clair du temps) et Cunégonde quand elle faisait ses petits caprices … de chat( parfois). Et quand ils n’ étaient que tous les deux et chahutaient, c’ était soit Pépète, soit P’ tit cul … Et parfois Nikita, quand elle ramenait, toute fière, des « cadeaux » à la maison( souris, lézards, oiseaux et même un lapin!). Ce n’ était pas vraiment prévu, et ne lui plaisait guère. Mais comment reprocher à un être, quel qu’ il soit, de faire ce que sa nature l’ oblige à faire? Alors, il amusait les amis lorsqu’ il racontait que sa maison était devenue un atelier de taxidermiste et que la nuit, avec un tel fauve sanguinaire sur le lit, il ne