L'Itinérant 1135 Le droit de bien vieillir | Page 13

Derrière les longues plumes de Bison Futé se cache le service public d ’ information routière . Celui-ci voit le jour dans les années 1960 alors que l ’ usage de l ’ automobile se démocratise . Après la guerre , la France se modernise à grands pas . Le ministère de l ’ Équipement construit des autoroutes et les Français achètent des autos pour partir en vacances ou en week-end et c ’ est ainsi que les premiers embouteillages apparaissent . Pour éviter ces déboires , Radio France et la Gendarmerie nationale mettent en place un partenariat pour informer les automobilistes . L ’ information publique routière est née . La radio est alors le principal canal . Sa diffusion en temps réel est idéale pour prévenir les automobilistes de l ’ état du trafic . Au début , seule la région parisienne est couverte . Mais à mesure que le réseau autoroutier français s ’ étoffe , la couverture s ’ étend à l ’ ensemble de la France . En 1969 , une première étape est franchie . Les ministres de l ’ Intérieur , de la Défense et de l ’ Équipement-Transports décident de regrouper leurs moyens au sein d ’ une structure interministérielle : le Centre national d ’ Information routière ( Cnir ). Il est chargé de recueillir , d ’ analyser et de diffuser . Installé dans le Fort de Rosny-sous-Bois en Seine-Saint- Denis , le Cnir se fait connaître sous le nom de « PC de Rosny ». Pour améliorer le quadrillage du territoire national , sept centres régionaux d ’ information et de coordination routière ( CRICR ) sont créés en 1972 . Ils reprennent le modèle interministériel du Cnir et s ’ implantent à Metz , Lyon , Bordeaux , Lille , Marseille , Rennes et Créteil . En 1975 , un gigantesque embouteillage va tout changer . Le 2 août 1975 , 600 km de bouchons cumulés sont enregistrés sur la RN10 qui relie

La petite histoire d ’ un grand sioux

Paris à l ’ Espagne . 60 000 véhicules sont bloqués , les vacanciers s ’ impatientent et provoquent des accidents . Le ministère des Transports décide alors d ’ améliorer l ’ information routière . Elle doit être plus audible et les vacanciers doivent être mieux renseignés sur les itinéraires bis . Pour faire passer ce message , une grande campagne de communication est lancée . C ’ est la naissance de Bison Futé . Le jeune indien sera la voix du Cnir et donnera aux automobilistes des conseils pour éviter les embouteillages . D ’ autres noms ont été évoqués : « Thimotée », un oiseau avec de grosses jumelles ; « Super-Gertrude », au nom dérivé de l ’ ordinateur du centre routier de Bordeaux ; « Ginette », la girafe , qui du haut de son long cou dominerait la situation … Mais c ’ est finalement Bison Futé imaginé par le publicitaire Daniel Robert , qui est adopté , parce que l ’ Indien est subtil et qu ’ être Sioux , c ’ est être adroit et débrouillard ! Durant tout l ’ été 1976 , des jeunes gens déguisés en Amérindiens sont envoyés sur les routes de France . Ils distribuent des cartes routières et donnent des indications sur les routes les moins fréquentées . L ’ opération est un succès , l ’ encombrement chute de 30 %. Après ce lancement réussi , l ’ Indien des plaines s ’ installe dans le paysage des vacances . Sur le bord des routes , il prodigue des conseils malins et à la télévision il avertit les automobilistes sur les jours les plus chargés . Au fil des ans , il devient le compagnon de voyage de tous les Français . Mais au début des années 1980 , notre jeune sioux est menacé . Le succès initial n ’ est plus au rendez-vous . Les campagnes publicitaires télévisuelles sont jugées peu efficaces . La marque doit se réformer et le renouveau intervient en
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Société

1982 . Une nouvelle campagne est lancée . La mascotte est modernisée . Un nouvel outil fait son apparition : le calendrier prévisionnel . Il indique avec un code couleur les risques de bouchons : vert tout roule , orange le trafic est dense , rouge c ’ est saturé et noir tout est bloqué . Bison Futé renoue avec le succès et en 1990 , 81 % des conducteurs indiquent suivre ses recommandations . Réussite marketing , le cas Bison Futé est enseigné dans toutes les écoles de commerce . Avec l ’ arrivée d ’ internet notre Indien poursuit son évolution . Dès 1997 , le site web est lancé . Il offre aux automobilistes un accès direct aux prévisions . En parallèle , le service public d ’ information routière s ’ étoffe avec un contenu spécifique pour les professionnels : transporteurs et médias . En 2005 , Bison Futé met en ligne une carte en temps réel de l ’ état du trafic qui permet de visualiser les conditions de circulation sur le réseau principal en direct grâce à un dispositif alimenté par des capteurs : « Traficolor ». En 2013 , le site est rénové avec une nouvelle cartographie des événements routiers et une version mobile est développée . Par la suite , l ’ information du traficolor est étendue aux principales agglomérations françaises . Enfin en 2016 , la chaîne de remontée d ’ information depuis les données de terrain est dématérialisée . La modernisation du service d ’ information routière a ainsi conduit le 1 er mai 2016 au déménagement des personnels qualifiés en expertise trafics de Bison Futé du Cnir vers la Défense et des CRICR vers les directions interdépartementales des routes ( DIR ). Le sioux préféré des Français se glisse enfin dans la poche des automobilistes : une appli pour smartphone est lancée dont l ’ objectif est de rendre plus accessibles les conseils de l ’ Indien malin .