Les Enquêtes de Samba Leye X KMP 2018 | Page 4

légitimité populaire. Des épiphénomènes deviennent rapidement des « affaires d’Etat » grâce à un effet boule de neige favorisé par la prolifération des sites d’information et le manque de contenus originaux. De plus, nous assistons à une « peopolisation » du traitement de l’information, favorisée par : • La multiplication d’animateurs populaires qui exercent comme journalistes • La concurrence féroce que se mènent les nombreuses rédactions • La course effrénée vers le scoop et l’information exclusive Ce phénomène est perceptible en amont comme en aval de la chaine de diffusion des informations. Les méthodes utilisées par les organes de presse même réputés rigoureux sont inspirées de celles de la presse people, des paparazzis et des tabloïds. L’information substantielle est délaissée au profit du scandale, de la une racoleuse et du fait divers. Aussi, les accointances développées avec des journalistes et les apparitions sur les plateaux de télévision permettent de se faire connaître du grand public. Les dynamiques informationnelles se mettent en place par le biais d’influenceurs et de contributeurs qui interagissent les uns avec les autres pour opérer un maillage total du terrain médiatique. Le numérique est de plus un terrain tout à fait particulier de par sa tendance à convertir des informations anecdotiques en buzz explosifs. De plus il permet de passer outre le statut acquis dans le monde réel. C’est à dire qu’il permet à « n’importe qui » d’apostropher la plus haute autorité ou personnalité par le biais de publications sur les réseaux sociaux et/ ou de lettres ouvertes. C’est ce que semble avoir compris la nouvelle opposition qui use et abuse des ces procédés. En outre, elle a commencé à reproduire les méthodes subversives de manipulation de l’information utilisées par les militants d’extrême droite des pays occidentaux pour répandre du faux contenu au sujet du Président de la République. Chaque « influenceur » essaie de « divulguer le SECRET d’ETAT » qui le fera progresser au rang de lanceur d’alerte. Certains leaders politiques de l’opposition confondent saillance médiatique et popularité. Ils pensent que leur omniprésence dans les médias est synonyme de réussite électorale et que le nombre de Likes sur Facebook ou de Vues sur Youtube est directement convertible en suffrages favorables. Et c’est là toute l’incohérence de leur raisonnement. En effet, l’opinion publique sénégalaise ne rejette jamais automatiquement un nouvel objet fusse-t-il un personnage ou une personnalité, elle l’accueille, l’adule puis l’oublie brutalement. Elle se laisse divertir mais est très mature lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Rappelons que la viralité sur les réseaux sociaux n’est pas un agrégat de popularité politique et que nous sommes dans un pays où :