S’AIDER POUR MIEUX AIDER
qui s’offrent à lui pour l’aider à côtoyer, à vivre
avec une personne qui souffre de bipolarité? Les
proches de la personne atteinte vivent souvent
une détresse qui est invisible, une détresse que
même eux ne sont parfois pas en mesure de nommer. Qui peut reconnaître leur détresse? Les
proches d’une personne atteinte ont souvent une
force, un pouvoir inestimable sur la personne
malade qu’ils aiment tant, mais ils n’en sont pas
conscients. Une vague d’impuissance et d’épuisement les traverse et les rend souvent, à leur tour,
en détresse. En essayant d’aider l’autre, il arrive
parfois qu’on se nuise à nous-mêmes. Et si
quelqu’un était là pour nous aider à ne pas nous
oublier dans le rôle de proche aidant? Et si on
avait à l’esprit qu’une personne atteinte de santé
mentale aurait un meilleur pronostic si elle avait
un entourage présent et fort derrière elle?
VALÉRIE FORTIER B. PS.
Intervenante psychosociale
Association Québécoise des Parents et
Amis de la personne atteinte de maladie
mentale (AQPAMM).
Sébastien est marié à Véronique depuis 5
ans et ils ont eu une petite fille qui n’a seulement
que 3 mois. Sébastien est au courant que sa conjointe souffre d’un trouble bipolaire, mais n’a jamais pensé la quitter pour cette raison, de toute
manière, Véronique prend des médicaments et est
stabilisée depuis quelques années. Tout allait bien
avant et pendant la grossesse de Véronique. Suite
à la naissance de leur fille, Sébastien l’a trouvé différente, étrange. Véronique veut mettre fin à son
congé de maternité, changer de carrière et refaire
la cuisine de ses propres mains. Selon Sébastien, sa
femme a beaucoup de projets qui, à son avis, ne
sont pas réalistes. Une semaine plus tard, Véronique se met en colère simplement parce que Sébastien est arrivé cinq minutes plus tard qu’à l’habitude. Tout en étant très en colère, Véronique ordonne à Sébastien de quitter la maison et de ne
plus jamais revenir puisque, de toute façon, elle a
un amant avec qui elle aimerait vivre son amour
au grand jour. Sébastien se sent désemparé et très
impuissant face à cette situation qu’il à peine à
comprendre. Il se doute que la maladie mentale a
refait surface, mais il ne sait pas comment gérer
tout ce qui arrive.
Rôle de l’AQPAMM
À l’association québécoise des parents et
amis d’une personne atteinte de maladie mentale
(AQPAMM), c’est ce qu’on s’est donné comme
mission. Nous avons choisi d’aider ceux qui subissent les dommages collatéraux des troubles
mentaux et qui souffrent en silence. Nous avons
décidé de venir en aide à Sébastien pour qu’à son
tour il se sente plus en confiance pour aider Véronique. En croyant que le parent, l’enfant, l’ami,
le conjoint, etc. a lui aussi une détresse face à la
maladie mentale, sans nécessairement la vivre,
on croit qu’eux aussi ont droit à du support, de
l’écoute et des outils pour mieux vivre avec un
proche atteint. Il arrive que les gens oublient
qu’eux aussi souffrent et qu’eux aussi ont besoin
d’aide puisque leur but premier est toujours d’aider l’autre. On reconnait les sentiments de honte,
de culpabilité, d’angoisse, d’impuissance, d’évitement, d’épuisement que vivent les proches aidants. Lorsqu’on fait appel à l’AQPAMM, c’est
parce qu’on a quelqu’un dans notre entourage
La maladie mentale fait peur et nous remet en question. On veut la comprendre, on veut
l’apprivoiser, la traiter, la médicamenter, la contrôler. Parfois, elle est plus forte que tout et en
vient à abimer la vie relationnelle et émotionnelle d’une personne qui en est atteinte. Dans un
cas comme celui de Sébastien, quelle aide pourrions-nous lui amener? Quels sont les services
EMPAN – VOLUME 35, NUMÉRO 1 – AVRIL 2016
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