Samedi 08 Avril 2017 3
LPDR N°6
Le dialogue
SOCIAL
Le Gabon, ce pays d'exceptions où même le mot Dialogue perd son sens le plus noble. L'un des pays où un chef d'État peut instaurer le monopartisme et donner comme devise au parti unique qu'il a créé le triptyque Dialogue-Tolérance-Paix. Si comme la majorité des gens sensés, vous avez retenu qu'un dialogue est une discussion entre des individus de camps adverses, sachez qu'au Gabon, ce n'est pas le cas.
Au Gabon, c'est le perdant qui appelle le vainqueur au dialogue, tolère les opposants repentis, affamés et décrète la paix après avoir assassiné le peuple.
Le décor étant ainsi planté, il est de bon sens de se demander quelle sera la valeur d'un tel
rassemblement si celui que le peuple a élu n'y participe pas ? Que vaudra la parole de toutes ces personnes qui ne représentent que leurs intérêts et non le peuple ? Qu'y a t-il de difficile à comprendre lorsque le peuple souverain leur scande que “rien ne sera plus comme avant” ?
À ceux qui se sentent obligés d'y aller car ils sont fatigués de lutter, nous devons leur rappeler que s'ils s'étaient vraiment battus et tombés pour le peuple, auraient-ils accepté que ce dernier les oublie, en allant fêter leur mort avec leurs assassins. À ceux qui pensent qu'il est mieux d'aller s'asseoir à la même table que le bourreau, nous leur rappelons que nous sommes en 2017 et qu'on ne peut plus avoir les mêmes arguments qu'en 1993. Il y a eu trop de mensonges et de traîtrise.
Après avoir tenté de diaboliser la diaspora auprès des Gabonais résidant au Gabon, cette même diaspora reste son seul rempart. Grâce à toute la technologie existante, la diaspora gabonaise sera le caillou dans votre chaussure et vous empêchera d'avancer.
Non, ce dialogue n'est pas une bonne chose Messieurs et Dames. Vous êtes tous au courant de ce qu'il s'est passé depuis les années 90. Et pour ceux qui l'ignorent encore, la chanson du groupe Empire intitulée "Les accords de Paris" en est une preuve. Beaucoup de nos politiciens ont sûrement dansé sur ce morceau choisi en sirotant un verre de champagne d'une célèbre marque affectionnée par les dirigeants du palais du bord de mer.
En effet, les années 90 furent belles et pleines d'espoir pour le peuple gabonais. Comme nous aujourd'hui, ils y avaient cru. Grâce à l'avènement de cette chère Démocratie, ils se sont mis à rêver. Comment ne pas y croire avec tous ces anciens partis politiques qui renaissaient et les nouveaux qui voulaient aussi goûter aux joies de la démocratie Morena, CDJ, PGP, UPG, UDSG...?
Comme nous, ils avaient marché. Comme nous, beaucoup avaient renoncé à leurs privilèges et perdu leur travail. Comme nous, ils avaient milité bénévolement. Certains y ont même laissé leur vie tels que les journalistes Yves Simost et Sam Mve Ondo. Et 30 ans plus tard, nous en sommes encore au même point : la quête de notre Liberté.
Non, ce dialogue n'est vraiment pas une bonne chose. C'est un bras d'honneur pour nos martyrs et une moquerie pour le peuple gabonais. On boit du champagne pour fêter une naissance, pas pour pleurer des morts.
Comme on dit si bien chez nous, ce qui est fait est fait. Il ne vous restera plus qu'à assumer votre trahison chers Mesdames et Messieurs les politiciens. Pendant que vous boirez et mangerez pendant ces 6 semaines de dialogue, sachez que la Résistance gabonaise continuera d'avancer et travaillera afin que le peuple se lève comme un seul homme contre vous et ne dira plus jamais : “On va encore faire comment ?”.