L’ANOREXIE et tous les autres troubles alimentaires sont des maladies extrêmement graves. Que ce soit l’orthorexie où la victime a une fixation anormale sur le fait de manger sainement ; que ce soit l’hyperphagie où celle-ci mange énormément et ingurgite de très nombreux laxatifs et pratique des sports excessivement; que ce soit la boulimie, vomitive ou non, où elle ingurgite une quantité industrielle de nourriture en un rien de temps pour, par la suite, s’en débarrasser ou simplement prendre du poids; que ce soit l’anorexie mentale où la personne mange peu ou simplement pas afin de perdre du poids et où le simple fait de manger l’effraie; que ce soit une ou plusieurs de ces maladies, elles sont graves et elles nécessitent de l’aide. Pourquoi nous juger?
En effet, je suis très bien placée pour vous en parler. Je suis une victime de ce drame, de cette publicité de la minceur extrême, du désir d’être parfaite physiquement. Cela fait trois ans que je vis dans ces dangereuses circonstances. Je suis bel et bien anorexique. Enfin, « bel » est un mot qui ne convient absolument pas à cette situation. Cette misère me suit PARTOUT où je vais et dans TOUT ce que je fais. Cette maladie dévastatrice devient un mode de vie. Malheureusement, celui-ci reste mortel à un certain point.
Je ne peux plus tolérer tous ces gens qui croient connaître l’anorexie et qui se donnent la permission de juger les personnes qui en souffrent. Encore pire, cela m’exaspère lorsque j’entends les trop nombreux commentaires blessants et souvent erronés qu’elles prononcent. Des mots dits sans réfléchir ou trop vite offusquent quand même. Ces gens-là, je les accuse de parler trop rapidement et de se montrer ignorants. Cela en est presque ridicule!
J’accuse les médias qui diffusent la maigreur sans merci. Toutes ces mannequins, ces artistes, ces célébrités, ceux sur qui ma génération se fie et ceux qu’elle choisit comme modèles, semblent avoir des corps trop parfaits, mais ils sont irréels et impossibles à atteindre. Les jeunes femmes qui les regardent désirent en avoir un comme cela et c’est lorsque ce désir envahit l’esprit que tout cet enfer commence. En plus, les médias n’ont aucun remords à utiliser des logiciels de retouches comme Photoshop afin de rendre les mannequins encore plus impeccables. N’avez-vous pas remarqué que toutes ces femmes sont sans défaut dans les publicités?
J’accuse les agences de mannequins qui sélectionnent volontairement les femmes les plus minces. Cet aspect physique est devenu un critère obligatoire dans le domaine du mannequinat, même que de nombreuses mannequins sont victimes d’anorexie. De plus, je n’ai pas pu m’empêcher de réagir face au manque de respect dont une agence suédoise a fait preuve. Il y a à peine un an, l’agence qui a été gardée anonyme a envoyé un chasseur de têtes recruter aux abords d’un centre où se tenait des réunions d’entraide pour les anorexiques. Il les attendait à la sortie et les abordait pour leur offrir une chance en mannequinat. C’est répugnant! Quel manque d’éthique! Comment ose-t-il? Avec tout cela, ne nous demandons surtout pas pourquoi le taux de victimes d’un trouble alimentaire augmente chaque année.
N’avez-vous pas l’impression qu’on cache ce problème? Moi je l’ai et cela me frustre énormément. Je vous en assure. Cette maladie touche beaucoup plus de personnes que vous ne pouvez vous imaginer. En effet, au Québec, plus de 65 000 femmes de 14 à 25 ans souffrent de troubles du comportement alimentaire selon statistiques Canada. Avec ce nombre si élevé, pourquoi ne sommes-nous pas conscientisés davantage? Nous avons eu une conférence sur la dépression à l’école. Parler aux jeunes, c’est extrêmement important. Cette conférence m’a ouvert les yeux et mes amies ont agi pour m’aider à m’en sortir. Trop de personnes ont des troubles alimentaires et souffrent de dépression. En parler est la clé et cette maladie fait partie de notre société. Faisons tout pour l’éviter le plus possible. Non?
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