La page des 5e Février 2014 | Page 10

Le travail à temps possible

Daniela Gomez, Laurie Trottier

​Barack Obama, Julie Payette, Britney Spears, Rachid Badouri, Bill Gates… Tous ces gens célèbres ont, avant d’arriver au succès dans leur domaine respectif, occupé divers emplois à temps partiel lorsqu’ils étaient plus jeunes. Pendant que plusieurs faisaient du gardiennage, d’autres travaillaient dans un restaurant ou dans une boutique. En effet, renommés internationalement ou pas, nous commençons tous quelque part. Alors que certains s’indignent face à la décision des jeunes Québécois de cinquième secondaire de se lancer eux aussi sur le marché du travail, nous, personnellement, n’y voyons aucun problème. Nous croyons même que le travail à temps partiel (TTP) s’avère positif pour des raisons familiales et éducatives.

​Certains affirment que le travail à temps partiel nuit en quelque sorte à la relation entre parents et adolescents. Nous comprenons bien qu’il peut y avoir, parfois, quelques mineures disputes dues au stress éprouvé malheureusement par les jeunes, mais ce n’est quand même pas une raison pour abolir le TTP pour les jeunes Québécois de cinquième secondaire! C’est plutôt une occasion en or de renouer des liens qui se sont défaits pendant la dure période qu’est l’adolescence. En effet, les étudiants entrent dans un nouveau monde où plusieurs questions envahissent leurs pensées et où le soutien de leurs parents est essentiel. Alors, quoi de plus parfait que d’entretenir des conversations sérieuses sur des sujets qui ne leur sont pas familiers comme le fonctionnement des impôts ou le syndicat ? Voyez-vous? Une relation se crée! Des liens étroits se développent et c’est ainsi que, lors de discussions plus difficiles, la tension ne s’envenimera pas comme elle avait l’habitude de le faire. Bref, le TTP démontre aux mères et aux pères que leurs « bébés » ont acquis de la maturité et que tout dialogue n’est plus uniquement propice à la dispute. Après tout, l’union fait la force !

Le sujet du travail à temps partiel m’a fait tout de suite penser à un proverbe que j’ai découvert récemment. S’il y a des amateurs de Montaigne parmi les lecteurs de ce journal, nous ferons des heureux. Méditons sur cette glorieuse phrase qu’il a jadis écrite : «Une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine.» Extrapolons sur celle-ci, car certains semblent oublier que l’apprentissage des jeunes Québécois ne s’opère pas uniquement à l’école… Et si l’éducation ne résidait pas seulement dans une banque de formules incompréhensibles, de participes passés accordés seuls, en équipe, ou en duo, de dates et de noms de pays? S’il y avait autre chose? Une façon distincte de devenir intelligent? On a déjà relaté une corrélation entre l’intelligence et le sport, comme quoi l’activité sportive libère des hormones mâles (androgènes) qui jouent un rôle dans l’activité des neurones et favorise la capacité à entreprendre. En voilà une. Une autre serait bien évidemment le lien entre les arts et le développement intellectuel. L’intelligence des nuances, le cerveau des pinceaux, la cervelle des aquarelles… Tous ces genres différents, toutes ces possibilités de se développer en tant qu’être humain puissant et évolué, ne s’apprennent pas que sur les bancs de l’école. En fait, une modeste partie de ce que chacun de nous connaît nous a été enseignée lors d’un cours magistral. C’est pourquoi nous soutenons qu’il doit y avoir une éducation extérieure faite en complémentarité avec celle qui est donnée par les enseignants. Et c’est d’ailleurs ce que ne semblent pas comprendre ceux qui affirment haut et fort que le travail à temps partiel, au Québec, pour des élèves de cinquième secondaire nuirait à leur éducation. On est loin du Montaigne réfléchi, brillant, perspicace. Admettez-le, le TTP permettrait, comme le font le sport et les arts, d’accroître nos connaissances et d’expérimenter celles-ci sur le terrain. On apprend toujours dans la vie. Et ce n’est pas seulement Montaigne qui le dit…

En conclusion, on ne peut que se réjouir de cette belle initiative des jeunes Québécois de cinquième secondaire qui se dévouent autant à leurs études qu’à leur TTP, car cela leur permet d’élargir considérablement leurs facultés intellectuelles en apprenant d’une façon différente qu’à leur école secondaire. De plus, ils verront leur relation parents-adolescents s’améliorer puisqu’ils seront plus en mesure de discuter de divers sujets liés au travail avec eux. Et puis, gardons espoir. Pendant leurs heures de travail, nombreux sont ceux qui se verront contraints d’éteindre enfin leur cellulaire… Le TTP s’averrait alors miraculeux!

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