La musique à Paris Mars 2017 | Page 15

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Viderunt Omnes de Pérotin (1198)

Pérotin (1160-1230)

À cette époque, les compositeurs étaient des clercs engagés pour pratiquer la musique et la noter en échange de quoi ils étaient nourris et logés. Comme les églises variaient en grandeur, les compositeurs devaient donc s'ajuster au nombre de chantres disponibles, mais cet adaptation n'était pas très complexe puisque souvent le nombre de chantres allait avec la taille du lieu de célébration.

En revanche, l'acoustique avait un impact sur, par exemple, l'ajout de l'orgue aux offices religieux. Comme le chant grégorien ne pouvait être modifié, on interrompait donc celui-ci entre deux versets pour ajouter un passage à l'orgue, contribuant ainsi à rendre encore plus noble la musique dans le culte catholique. Les compositeurs devaient également

s'inspirer de l'écho naturel de l'établissement pour composer en harmonie avec celui-ci et permettre au chant d'être compris par l'ensemble des fidèles. La disposition des choristes allait donc dans cet esprit de favorisation de l'acoustique.

Avec la venue de l'orgue dans les églises à Rome, puis généralisée à l'Europe catholique entière, les compositeurs des écoles comme celle de Notre-Dame assistaient à la construction de cet instrument afin d'en comprendre le fonctionnement et d'en connaître les particularités afin de l'incorporer de manière subtile et harmonieuse au culte déjà très stricte du point de vue musical. C'était également pour eux le meilleur moyen d'apprendre à exploiter les sonorités de l'instrument et ses réverbérations dans l'église pour ajouter du prestige aux chants et hymnes qu'il accompagnait.

La polyphonie avait également atteint, à l'École de Notre-Dame, un niveau supérieur, à savoir qu'il ne s'agissait plus uniquement de voix qui chantaient le même texte, mais à des intervalles justes les uns des autres. Dorénavant, on conservait la mélodie principale sous forme de notes tenues à laquelle on ajoutait jusqu'à quatre voix qui chantaient des mélismes à leurs intervalles respectifs pour ajouter une longueur au texte qui parfois n'était qu'une seule phrase ou un seul verset de quelques lignes.