La Dépêche Automne 2024 | Page 36

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C

Se sentir à l ’ aise

LILA-KLARA RACZKEVY-EOTVOS

omme beaucoup d ’ entre nous , je me suis installée en France il y a un an avec un esprit ( que je croyais être ) culturellement ouvert , avec hâte de rencontrer plein des gens de tous horizons . Une chose à laquelle je n ’ avais jamais réfléchi était mon privilège en tant qu ’ étudiante anglaise , ayant l ’ anglais comme langue maternelle et la facilité que cela m ’ a procurée dans des contextes internationaux . À Bordeaux , je me suis retrouvée pour la première fois dans des situations où j ’ étais entourée par des gens parlant les langues que je ne comprenais pas ( y compris le français , car , pour être honnête , mon français était loin du niveau que je pensais avoir lorsqu ' il s ' agissait de la langue sacrée de Molière telle qu ' elle est parlée …). C ’ était sacrément inconfortable .
En même temps , j ’ ai eu d ’ innombrables conversations avec mes amis allemands , italiens ( qui faisaient déjà l ’ effort de me parler anglais , inculte que je suis ) au cours desquelles ils dénonçaient l ’ impolitesse de leurs compatriotes lorsqu ' ils bavardaient dans leurs langues maternelles avec des personnes de nationalités différentes présentes . Cependant , le fait d ' exiger que l ' on tienne compte de mes propres insuffisances linguistiques à tout moment ne me semblait pas être une bonne chose . Qui étais-je pour avoir la priorité ? J ' aurais toujours pu apprendre l ' italien ...
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