Success Story
Kerredine Soltani
Le prodige de la chanson française
Connu de tous les artistes pour son talent d'auteur compositeur, le chanteur de "Je
veux m'intégrer" représente à nos yeux la réussite personnifiée. C'est en toute simplicité que Kerredine alias le "dandy chic" nous a reçu dans ses studios qui ont vu
passer Zaz, Kendji, Tal... Pour une interview pleine de spontanéité !
Il était une fois... J’ai grandi à Argenteuil, j’ai tenté
de faire des études mais en vain. J’ai commencé
à sortir dans des soirées un peu branchées et là
j’ai compris que pour voir autre chose que la cité
et le quartier il fallait que je fasse de nouvelles
rencontres. En soirée les gens faisaient très
souvent erreur sur mes origines et j’avais souvent
le droit à des Shaloms ! De fil en aiguille j’ai fait
de nombreuses rencontres en stipulant bien mon
origine, que j’étais avec eux le soir mais que le
lendemain j’étais dans des mosqués Salafistes à
Argenteuil. (Rire) Ça faisait marrer plus qu’autre
chose. J’ai toujours fait de la musique même depuis
tout petit mais ça marchait moyennement. Un
ami, rencontré en soirée, Alain, m’avait demandé
si je savais taper à l’ordinateur, j’ai répondu que
contrairement à d’autres je ne
savais taper qu’à l’ordinateur (rire)
et il m’a fait rentrer au Ministère
de la Culture où après 6 mois de
saisie informatique je suis devenu
assistant chef de projet et pour
mes 22 ans je suis passé chef de
projet. J’ai travaillé comme un malade et un an
plus tard j’étais chargé de mission à l’Elysée au
service événementiel sous Chirac. Après cela je
suis devenu directeur de promo dans le cinéma.
J’ai ensuite monté une agence de comédien
et mannequin. Pendant tout ce temps je n’ai
jamais cessé de faire de la musique mais je me
cantonais à un style très R’N’B. Un jour un ami
me dit que je devrais tenter un autre genre. Le
défi lancé j’ai produit ZAZ avec tout le succès
qu’on lui connait aujourd’hui : Victoires de la
musique, vente de plusieurs millions d’albums...
En parallèle j’ai sorti mon album avec la Warner
music qui a fait beaucoup de presse mais peu
de ventes, ma chanson est devenue chanson de
l’été sur France2. Ensuite j'ai beaucoup écrit pour
de nombreux artistes : Tal, Elisa Tovati et Kenji.
Je souhaite continuer ma carrière de chanteur
mais très souvent lorsque je suis sollicité par les
médias c’est pour ma casquette de producteur et
je voudrais pouvoir exister au moins autant que
les artistes pour lesquels j’écris et compose.
Quelles sont tes inspirations musicales ?
Je vois donc je ressens ! Tout simplement. Dans
mes textes j’ai une approche assez journalistique,
je vois je ressens, j’écris du coup je peux écrire
20 chansons par jour ! Contrairement à des amis
auteurs qui ont besoin de s’auto-centrer. C’est
fort, émotionellement parlant, mais ça nécessite
du temps pour tout extérioriser.
Tes chansons sont très engagées, pourquoi ?
C' est assez drôle, les gens disent toujours : je ne
peux pas être sincère, ça va me porter préjudice
! Ne pas pouvoir parler de telle ou telle cause
dont la Palestine etc... Mais là où ils se trompent
c’est qu’on est au pays de
Charlie Hebdo et on peut tout
dire. Alors moi je dis tout et ça
ne me ferme pas de portes, au
contraire. Le meilleur exemple
est ma chanson sur l’intégration
ou je parlais du Président de la
République et pour laquelle j’ai été contacté par
France 2 pour faire la chanson de l’été en 2012
alors que j’ai ouvert ma gueule !
La banlieue à fait
de moi
ce que je suis
14
Kiwi mag
Quelle est ta principale motivation ?
Le challenge ! J’ai réussi des choses pour les
autres que je n’ai pas encore réussi pour moi. Les
artistes disent souvent qu’ils aiment les concerts
mais en vérité c’est parce qu’ils aiment être
applaudis. Et pour ma part tant que je ne sortirai
pas un album n°1 je continuerai. Je ne vais pas
me satisfaire de la 20è place !
A quand la priorité pour ta carrière ?
C’est compliqué parce que lorsque je vais
au marché acheter des tomates je reviens
systématiquement avec le caddie rempli de tout et
parfois il n’y a même pas de tomates ! (rire) C’est
ma vie ! Je décide de ne m’occuper que de moi et
2 mois après je me retrouve avec 5 jeunes dans
les studios.