John Coltrane - Giant Steps FR | Page 9

entendre en concert à Philadelphie . Ces faces laissent entendre qu ’ il a eu accès aux premiers 78-tours des deux pionniers du bop . Première avant-garde de l ’ histoire du jazz , le bop est porté par une génération de jazzmen désireux de s ’ affranchir du monde du divertissement où les artistes noirs étaient jusque-là confinés , pour participer à la grande aventure artistique du XXe siècle dont New York est en passe de devenir la capitale mondiale . La grande affaire du bebop , c ’ est de s ’ approprier le répertoire du jazz en enrichissant ou travestissant les standards de Broadway qui le constituent par des lignes mélodiques plus anguleuses , en insistant sur les dissonances – « on avait les doigts sur les quintes diminuées » dira Miles Davis –, en multipliant les progressions d ’ accords et en les soumettant à des calembours harmoniques .
De retour à Philadelphie , Trane se retrouve au cœur d ’ un important foyer d ’ où l ’ on verra bientôt émerger quelques-unes des grandes figures du jazz des années 1950 : les trompettistes Clifford Brown et Lee Morgan , les saxophonistes Benny Golson et Jimmy Heath , les pianistes Bobby Timmons , Ray Bryant et McCoy Tyner , les organistes Jimmy Smith et Shirley Scott , les contrebassistes Percy Heath et Jymie Merritt , les batteurs Philly Joe Jones et Albert “ Tootie ” Heath . Le bebop est alors doublement affecté par son échec commercial et les ravages de l ’ héroïne . Il devra son salut à une seconde vague qui prendra le nom de hard bop . On la présentera comme une réaction au succès du west coast jazz dominé par les musiciens blancs . En fait , les aspirations de ces deux mouvements assez disparates ne sont pas si antagonistes . Si les hard boppers reviennent aux racines de l ’ identité afro-américaine – blues et musiques de l ’ église noire –, c ’ est aussi que le bop s ’ en est trop éloigné , à force d ’ acrobaties techniques et harmoniques pas toujours bien assumées par les suiveurs de Parker et Gillespie . Annonciateur
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