John Coltrane - Giant Steps FR | Page 22

Au fil des semaines , des concerts et des séances , sa recherche encyclopédique de gammes et de formules nouvelles l ’ entraîne toujours plus loin , ce qui fit dire au futur historien du jazz Noal Cohen , âgé de 18 ans lorsqu ’ il entendit le quintette en avril 1956 : « Trane était Trane – beaucoup de notes , comme s ’ il faisait ses gammes sur scène . » Un reproche qui restera récurrent chez ses détracteurs . Mais le même mois , invitant le saxophoniste sur son album Mating Call , Tadd Dameron lui dédie sa ballade « Soultrane ». La volubilité , l ’ étendue de son vocabulaire et le caractère obstiné de sa quête commence à faire des adeptes et le corniste David Amram se souvient qu ’ au printemps 1956 , au Café Bohemia , Trane lui avait confié vouloir emmener la musique au-delà des limites des trente-deux mesures caractérisant les standards , pour improviser à l ’ infini sur une idée ou une simple ligne , à la façon des musiciens indiens . Un objectif qu ’ il atteindrait dans les années 1960 .
Mais l ’ héroïne fait des ravages au sein du quintette de Miles et , en octobre 1956 , en plein engagement au Café Bohemia , le trompettiste remplace momentanément Trane par Sonny Rollins , avant de prendre congé pour une tournée européenne . Le saxophoniste se retire alors à Philadelphie chez sa mère pour tenter de se désintoxiquer . À son retour , Miles le rappelle … pour le congédier à nouveau , ainsi que Philly Joe Jones , lors d ’ un nouvel engagement au Café Bohemia en avril 1957 .
Ce dernier épisode est d ’ autant plus mémorable que Thelonious Monk ayant vu Miles frapper Trane au visage aurait pris sa défense . De la chronologie un peu confuse qui ressort des différentes biographies consacrées à ces trois musiciens , on retiendra que durant la période séparant ces deux incidents , Trane , dans un état de grande détresse , mène un douloureux
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