Éditorial
La vieille politique est toujours vivante
Par Nicolas Godin
Ces dernières semaines, on a assisté à
plusieurs annonces de subventions de la
part du gouvernement de Pauline Marois.
Cela semble de bonne guerre alors que
la majorité des analystes prévoient des
élections dans un futur rapproché, mais
on doit s’interroger sur la validité de
certaines de ces interventions. Alors que
les budgets de l’état sont présentement
sous la loupe des agences de notation
en raison des nombreux déficits
passés, la multiplication des annonces
préélectorales semble envoyer un
message fort simple aux citoyens : la
vieille politique est toujours vivante.
Deux cas importants d’investissements
majeurs par l’État québécois ont
récemment fait la manchette : les
350 millions de dollars alloués pour la
cimenterie de Port-Daniel-Gascons en
Gaspésie et les 115 millions débloqués
pour l’exploration pétrolière sur l’île
d’Anticosti. Or, aucun de ces deux
investissements ne fait de sens d’un point
de vue financier. La nouvelle cimenterie
ne créera au mieux que quelques
centaines d’emplois dans la région,
bénéficiera de nombreux avantages
fiscaux et ne paiera aucune redevance
sur le calcaire extrait du sol. L’Association
canadienne du ciment (ACC) n’estimant
même pas qu’une nouvelle cimenterie
fût nécessaire, cela veut probablement
dire que de nombreux travailleurs du
ciment dans les autres régions perdront
leurs emplois au bénéfice du nouveau
joueur.
De son côté, l’annonce reliée à
Anticosti semble être basé sur la mise
en place d’une illusion majeure : soit
que l’exploitation du pétrole est une
entreprise simple où il suffit de récolter
les bénéfices. Rien n’est moins vrai. Si
l’on admet qu’il y a du pétrole à Anticosti,
combien cela couterait pour l’extraire et
est-ce qu’il y en a en quantité suffisante
pour rentabiliser les opérations ? À
partir de là, comment sera-t-il transporté
et raffiné? Croyez-le, la construction
d’infrastructures pétrolières est une
Le Journal Horizon Weekend - 22 Février 2014 - Page 8