Les enjeux historiques du débat
À une certaine époque, la SRC a été
fondée pour donner au Canada les outils
lui permettant de forger sa propre identité
sur les ondes, et ainsi empêcher une
invasion massive d’émissions étrangères
qui seraient nuisibles aux expériences
de la population.
Aujourd’hui, alors que la mondialisation
élimine les frontières, que l’industrie des
médias est contrôlée par un nombre
restreint de compagnies et que les
Canadiens ont moins de temps qu’avant,
Hubert Lacroix considère que jamais le
réel besoin d’avoir son propre espace
identitaire n’a été aussi grand au pays.
Face à cette situation, il estime que le
radiodiffuseur public se doit de couvrir
les événements que les autres chaines
ne veulent pas afficher pour différentes
raisons. Le concept d’identité nationale
est aussi important dans cette équation,
alors que M. Lacroix se dit fier de la
diversité des émissions présentées
par la SRC telles que ’19-2’, ‘Unité 9’,
‘Heartland’ et ‘Republic of Doyle’. Selon
lui, les citoyens du pays se reconnaissent
dans ces programmes tournés ici, en
particulier à une époque où l’on sent chez
la population un besoin de se retrouver
chez soi.
Une présence sans égal au pays et
dans le monde
Alors que Radio-Canada a une présence
plus importante dans le monde que les
autres chaines canadiennes, la société
d’État peut être considérée comme les
yeux et les oreilles du pays dans les
différents continents. Au niveau national,
l’engagement régional de la SRC lui
permet de contribuer à la culture locale et
aux activités communautaires. Ses forces
étant géographiquement organisées
partout au Canada, cela lui a donné
l’opportunité de fournir les premières
images de l’incident ferroviaire de LacMégantic.
De plus, la présence d’un radiodiffuseur
public permet de sensibiliser les citoyens
à l’importance de la démocratie et de les
mobiliser au sujet des événements qui se
produisent dans leurs villes. Par exemple,
ce sont les journalistes qui travaillent à
‘Enquête’ qui ont percé les secrets de la
corruption dans la gestion des contrats
publics de la construction. Hubert
Lacroix estime donc que la Commission
Charbonneau n’aurait jamais eu lieu sans
l’influence de leur travail. Ainsi, malgré
toutes les compressions exercées,
l’émission gardera 29 membres à temps
plein en raison de son rôle étroitement
relié au mandat de la SRC.
Horizon Weekend - Montréal, 11 Mai 2014 - Page 12