#Fishme Issue 14 #Fishme 14 | Page 61

Si l’épaisseur de glace est suffisante (15 cm), on peut y aller. Un frisson nous envahit dès le premier pas sur l’eau. Un mélange de froid et d’excitation. Avec le temps, on a appris à choisir un coin pas trop éloigné du bord mais avec suffisamment de profondeur quand même. Pas toujours évident sans point de repère : il est difficile de sonder sous la glace. En fin de journée, le lac gelé est désert et muet comme une carpe. Le vent tombe souvent à cette heure, et aucun son extérieur ne nous atteint. On n’entend que nos pas et nos voix. Quand nous atteignons enfin notre coin de pêche, il est temps de réveiller la bête. Elle hibernait dans un garage depuis des mois. On amorce donc la tronçonneuse ; le silence n’est plus ; la lame s’enfonce dans la glace ; l’eau jaillit. Scier le plancher sous ses pieds, c’est assez unique. En quelques secondes, le trou prend forme. On découpe des cubes de glace, qu’on extrait et pose sur le côté : ils pourront nous servir de repose-canne. Les trous sont faits. Après un tel vacarme – on vient quand même de tronçonner le lac – les poissons sont loin. Aucune importance : c’est demain que tout se joue. Il ne nous reste plus qu’à marquer nos trous pour les retrouver le lendemain matin, quelques minutes avant le lever du soleil. Enfin, si soleil il y a… ! Après l’achat de la carte de pêche obligatoire et le café pris dans l’auberge du lac pour se réchauffer, il est temps de rentrer pour préparer le matériel. Ce matériel, il est finalement plutôt léger, et pour l’essentiel, commandé sur Internet, sur des sites québécois. Pour la qualité mais aussi, et peut-être surtout, pour l’esprit et pour vivre l’aventure « comme si on y était ». Les cannes sont dans l’idéal très courtes, entre 40 et 70 cm. Certains utilisent des « tip-up », ce système canadien qui permet d’immerger la bobine de fil et d’être averti de la touche par un drapeau orange qui se soulève… D’autres, plus classiques et plus « franchouillards », utilisent leur matériel de tous les jours : lancers plus ou moins légers, cannes au coup de 2 ou 3 mètres. Finalement, il n’y a qu’une règle : le plus court est le mieux. Les montages utilisés varient selon les techniques mais on n’a jamais constaté de fantaisies… On pêche au bouchon, en plombée, à la dandine. Au bouchon et en plombée, on privilégiera le vers de terre et, cela va de soit, le gros vers canadien qui