L’Alaska à portée de lancer. L’esprit
du Grand Nord Canadien. L’évasion «
into the wild », en plein centre de la
France, dans le Puy-de-Dôme, sur le
Lac de Guéry.
Sur nos calendriers, une petite croix
noire marque d’une pierre blanche le
premier samedi du mois de mars. C’est
une semaine ou deux avant l’ouverture
de la truite. C’est paradoxalement le
début de la fin de l’hiver.
C’est l’heure de la pêche blanche.
Par tradition, on se retrouve sur place
le vendredi, en fin d’après-midi. Pour
refaire connaissance avec le lac. Pour
briser la glace.
Le lac de Guéry se trouve à quelque
kilomètres du Mont Dore, une des
quelques stations de ski auvergnates.
Les non-pêcheurs pourront d’ailleurs s’y
rendre pour skier, randonner (en
raquettes ou non), faire une balade
en chien de traîneaux ou en motoneige, ou simplement y attendre les
pêcheurs pour y partager le plat
typique : la truffade !
Si l’épaisseur de glace est suffisante (15
cm), on peut y aller. Un frisson nous
envahit dès le premier pas sur l’eau. Un
mélange de froid et d’excitation.
Avec le temps, on a appris à choisir un
coin pas trop éloigné du bord mais avec
suffisamment de profondeur quand
même. Pas toujours évident sans point
de repère : il est difficile de sonder
sous la glace.
En fin de journée, le lac gelé est désert
et muet comme une carpe. Le vent
tombe souvent à cette heure, et aucun
son extérieur ne nous atteint. On
n’entend que nos pas et nos voix.
Quand nous atteignons enfin notre coin
de pêche, il est temps de réveiller la
bête. Elle hibernait dans un garage
depuis des mois. On amorce donc la
tronçonneuse ; le silence n’est plus ; la
lame s’enfonce dans la glace ; l’eau
jaillit. Scier le plancher sous ses pieds,
c’est assez unique. En quelques
secondes, le trou prend forme.