#Fishme Issue 14 #Fishme 14 | Page 60

L’Alaska à portée de lancer. L’esprit du Grand Nord Canadien. L’évasion « into the wild », en plein centre de la France, dans le Puy-de-Dôme, sur le Lac de Guéry. Sur nos calendriers, une petite croix noire marque d’une pierre blanche le premier samedi du mois de mars. C’est une semaine ou deux avant l’ouverture de la truite. C’est paradoxalement le début de la fin de l’hiver. C’est l’heure de la pêche blanche. Par tradition, on se retrouve sur place le vendredi, en fin d’après-midi. Pour refaire connaissance avec le lac. Pour briser la glace. Le lac de Guéry se trouve à quelque kilomètres du Mont Dore, une des quelques stations de ski auvergnates. Les non-pêcheurs pourront d’ailleurs s’y rendre pour skier, randonner (en raquettes ou non), faire une balade en chien de traîneaux ou en motoneige, ou simplement y attendre les pêcheurs pour y partager le plat typique : la truffade ! Si l’épaisseur de glace est suffisante (15 cm), on peut y aller. Un frisson nous envahit dès le premier pas sur l’eau. Un mélange de froid et d’excitation. Avec le temps, on a appris à choisir un coin pas trop éloigné du bord mais avec suffisamment de profondeur quand même. Pas toujours évident sans point de repère : il est difficile de sonder sous la glace. En fin de journée, le lac gelé est désert et muet comme une carpe. Le vent tombe souvent à cette heure, et aucun son extérieur ne nous atteint. On n’entend que nos pas et nos voix. Quand nous atteignons enfin notre coin de pêche, il est temps de réveiller la bête. Elle hibernait dans un garage depuis des mois. On amorce donc la tronçonneuse ; le silence n’est plus ; la lame s’enfonce dans la glace ; l’eau jaillit. Scier le plancher sous ses pieds, c’est assez unique. En quelques secondes, le trou prend forme.