REPORTAGE l ’ arabe pur de course . Moderne , pratique , l ’ élevage s ’ étend désormais sur 160ha et un étang artificiel lui permet d ’ être constamment irrigué . La recette paraît simple comme un conseil de jardinier sur Youtube . Elle le serait si on était capable de l ’ imiter ! Jean-Marc Lucas a su s ’ entourer , écouter et explorer , mais aussi investir et innover . Et le Berlais fait aujourd ’ hui l ’ envie de toute la France qui saute ! Une des locomotives de cet élevage est et a toujours été Robert Collet , dont l ’ enthousiasme bonhomme semble parfois pouvoir déplacer les montagnes . En Poitou-Charentes , il n ’ y a guère de montagnes , mais qu ’ est-ce que la création presque ex-nihilo d ’ un élevage de chevaux de course si ce n ’ est une montagne d ’ obstacles ? « Nous nous sommes connus par l ’ intermédiaire de Micheline Vidal , explique Jean-Marc Lucas en citant la compagne de Robert Collet . Simon du Désert terminait sa carrière et il cherchait un endroit pour le stationner . Je faisais de l ’ étalonnage , à l ’ époque , et je l ’ ai donc pris au haras . »
Les Berlais : un tandem gagnant
« Puis , c ’ est devenu une amitié , déclare Robert , inspirée par les vacances à l ’ île de Ré , un grand respect mutuel , et puis voilà ! » Le nom de Jean-Marc Lucas est apparu dans le top 50 des éleveurs français sur les obstacles en 1997 , à la 30 e place . Depuis 2002 , il n ’ est sorti du top 10 qu ’ à quatre reprises , et en tête une fois , dès 2008 , notamment grâce à une victoire in extremis , à Cagnes-sur-Mer , de quelques « Berlais » entraîné par le bouillant Robert … « Il m ’ avait persuadé de tout miser sur ces dernières réunions et l ’ élevage a pris la tête tout à la fin , s ’ amuse Jean-Marc Lucas . Il était important pour moi de rencontrer quelqu ’ un qui me fasse découvrir les courses parce que je ne connaissais pas grand-chose , surtout dans la compétition . » Les deux hommes s ’ accordent à dire que chacun aura bénéficié de l ’ expérience de l ’ autre . Pour l ’ éleveur , travailler en confiance et régulièrement avec un entraîneur permet une meilleure communication sur les produits qu ’ il lui confie , un meilleur feed-back , en somme . C ’ est très utile aussi quand un cheval a raté sa carrière en raison d ’ un problème physique , par exemple , alors qu ’ on en faisait un espoir . Inversement , pour l ’ entraîneur , l ’ expérience partagée permet de mieux appréhender les chevaux à leur arrivée , de savoir quelle pourrait être leur réaction , leurs forces et leurs faiblesses , alors qu ’ il découvrira peut-être avec un poulain issu des ventes des particularités qu ’ il aura ignorées . Il est plus facile , dès lors , de conseiller à ses clients de se diriger vers les poulains qu ’ on connaît le mieux .
« IL ÉTAIT IMPORTANT POUR
MOI DE RENCONTRER QUELQU ’ UN QUI ME FASSE DÉCOUVRIR
LES COURSES »
Jean-Marc Lucas
« Toutefois , j ’ ai commencé avec Royan parce que compte tenu de ma situation géographique , c ’ était plus facile , remarque Jean-Marc Lucas . Il y avait Guillaume Macaire , bien sûr , mais aussi Arnaud Chaillé-Chaillé , que je connaissais très bien par les chevaux de pur-sang arabe . Mais j ’ ai toujours été proche de Robert parce qu ’ il m ’ a conseillé d ’ un bout à l ’ autre . Dans beaucoup de domaines ! Par exemple , quand j ’ allais à Deauville , je dormais à l ’ Ibis . Un soir , il est venu me chercher et m ’ a dit : « tes clients ne sont pas à l ’ Ibis ! Viens avec moi au Royal … Et il avait raison . Ce fut d ’ ailleurs une très belle soirée ! » Le Berlais fabrique des chevaux , certes , mais aussi de chouettes souvenirs pour les amoureux de l ’ Obstacle .
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