Chez Thierry Duvaldestin , les bijoux de famille se méritent
Nietzsche Has annoncé au Haras de Montaigu en 2025 après s ’ être illustré sur les obstacles .
© Zuzanna Lupa
Si on faisait naître deux clones et que l ’ un était castré poulain et l ’ autre gardé entier , le premier deviendrait peut-être plus grand que le second , car la testostérone entraîne une fermeture plus rapide des plaques de croissance des os . Le poulain resté mâle aurait probablement un caractère plus trempé que son clone , plus pacifique , sociable et facile à monter . L ’ entier développerait sa musculature d ’ une façon différente , avec notamment une avant-main plus lourde , une encolure plus forte : ne dit-on pas des mâles mis à la reproduction qu ’ ils « s ’ étalonnent » physiquement ? C ’ est cette évolution musculaire qui rend compliquée la sélection d ’ étalons sur les courses d ’ obstacle . Pascal Noue , propriétaire du Haras de la Hêtraie où le chef de race Kapgarde officiait , analyse : « Le problème concernant ces prospects étalons n ’ est pas tant le caractère que le poids , qui est l ’ ennemi du cheval d ’ obstacle , car il favorise les tendinites des antérieurs . Et puis les carrières de nos chevaux ne sont pas linéaires comme en plat : ils font plusieurs stages au pré-entraînement et à l ’ entraînement entrecoupés de retours à l ’ élevage , où un entier n ’ est jamais très facile à gérer . En compétition ils peuvent assez vite se blaser et ne plus se livrer ». De jeunes mâles au sang bleu font des débuts prometteurs sur les obstacles puis semblent se faner et finissent par décevoir ... Il y a beaucoup d ’ appelés et peu d ’ élus chez ceux qui ont conservé leurs attributs !
Chez Thierry Duvaldestin , les bijoux de famille se méritent
Au trot comme en plat , les plus belles courses du calendrier , dont le légendaire Prix d ’ Amérique , sont fermées aux hongres . Les mâles ne sont donc pas castrés avant qu ’ on ait une idée précise de leur talent . Thierry Duvaldestin , entraîneur du mythique Ready Cash et d ’ Idao de Tillard , tenant du titre dans le Prix d ’ Amérique , ne constate pas la même « retenue » en compétition chez les trotteurs que celle décrite chez les galopeurs . Les meilleurs éléments mènent pourtant de front carrière sportive et métier d ’ étalon . Ils ne chevauchent pas les poulinières , mais leur sperme est prélevé sur un mannequin trois fois par semaine . « Ils ne deviennent pas vraiment chauds , sauf en fin de carrière , à sept ou huit ans . Faire la monte les alourdis un peu dans l ’ encolure bien sûr , mais nos chevaux sont si près du sang désormais que cela ne se ressent pas vraiment ».
C ’ est finalement hors du cadre de l ’ hippodrome que la testostérone de ses pensionnaires embarrasse Thierry Duvaldestin : « Traditionnellement , au trot , nos chevaux passent la plus grande partie de leur temps au paddock . Un hongre peut être mis avec un compagnon , pas un entier . Bien souvent , un mâle va faire la clôture , c ’ est-à-dire qu ’ il va marcher ou trotter le long de cette clôture sans arrêt . Il va stresser et peut s ’ abîmer les rotules en faisant des demi-tours serrés . Pour un entier , il faut donc un paddock spécial , avec une haie pour lui cacher les autres , une clôture électrique ... Le transport des mâles est aussi plus compliqué , car un voisin peut les agacer et leur faire perdre leur influx . Idao de Tillard voyage toujours seul . » Conclusion du crack entraîneur : « On ne peut pas avoir que des entiers , alors celui qui le reste doit le mériter ».
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