Et si la Lune disparaissait? Et si la Lune disparaissait? | Page 20

Plus généralement, plus l’obliquité est élevée, plus les différences saisonnières seront prononcées. Mais il existe certaines zones qui semblent s'émanciper des cycles saisonniers et garder des climats qui leur sont propres tout au long de l'année: on évoque, bien sûr, les tropiques et les pôles. DONC, SI LA LUNE DISPARAISSAIT… o 0 Avec une inclinaison de 0 degrés les saisons cesseraient tout simplement d'exister. Jour et nuit seraient de même longueur partout, à tout moment de l'année. Chaque jour ressemblerait à ce qu’il est actuellement à l’équinoxe puisque chaque endroit sur Terre recevrait environ 12 heures de soleil et l’angle auquel arrivent les rayons du soleil resterait similaire. Il n'y aurait plus de saisons. Les variations climatiques que nous connaissons chaque année deviendraient obsolètes, remplacées par un cycle monotone et répétitif. Une vaste majorité des espèces sont adaptées au cycle saisonnier de la Terre. Les animaux migrent ou stockent de la nourriture pour l'hiver. Les plantes dorment en hiver et ressuscitent au printemps. Si la Terre n'avait plus d'inclinaison axiale, ses espèces ne sauraient s'adapter à ce changement. On imagine ainsi des extinctions massives. 37 o 90 Avec une inclinaison de 90 degrés, les pôles connaîtront successivement des longues périodes d'exposition directe au rayons lumineux du Soleil suivies de mois plongés dans l'obscurité. Un hémisphère souffrirait d'un froid glacial pendant des mois tandis que l'autre serait exposé à une source continue de chaleur. Au cours de l’année, tous les endroits sur la terre alterneraient entre chaleur et froid extrêmes. Chaque pôle alternerait entre 3 mois de lumière et 3 mois d'obscurité, séparés par des intervalles d'un climat modéré, où l'axe de rotation terrestre tracerait une ligne imaginaire perpendiculaire à la droite Terre- Soleil. Mais ce cycle rythmique représenterait un défi insurmontable pour la vie sur terre, forgée après des millions d'années d'évolution à s'adapter au climat précis qui accompagne l'obliquité des 23,3°. LE CLIMAT DES TROPIQUES ET DES PÔLES Ces régions ont des caractéristiques climatiques qui leur sont propres, mais comment ces traits imaginaires, les tropiques du Capricorne et du Cancer ainsi que les cercles polaires, sont-ils définis? Et bien, on détermine leur latitude à partir de l'obliquité de la planète: pour une planète d'obliquité x°, les traits que tracent les tropiques se situeront à des latitudes de x° au nord et à x° au Sud de l'équateur, et les cercles polaires à 90-x° au Nord et au Sud de l'équateur. Ainsi, si la terre avait une obliquité de 40° des métropoles tel que Beijing (de latitude 39,9075) ou encore la capitale des Etats-Unis, Washington DC (de latitude 38,8951) connaîtraient un climat "tropical". L'Europe du Nord, quant à elle, se situerait en grande partie dans le cercle de l'Arctique. Quel en serait l'avenir pour la vie sur terre, dont des millions d'années d'évolution nous ont préparés pour un climat terrestre précis qui accompagne le niveau d'obliquité de 23,3°? En construisant notre raisonnement à partir des résultats de Jacques Laskar (qui prédisent des immenses fluctuations de l'obliquité terrestre en absence de la Lune) le développement de la vie sur terre connaîtra donc un destin fortement perturbé. Étudions certains cas précis. Lors du passage dans l'atmosphère - la quantité de rayons solaires varie en fonction de la nature et de la concentration des particules dans l'atmosphère. Pour atteindre les régions polaires, la lumière doit traverser une plus vaste distance dans l'atmosphère, et sera donc plus susceptible d'être absorbé. Tout comme dans la loi de Beer-Lambert (qui définit l'absorbance comme le produit de E, le coefficient d'absorption molaire propre à chaque molécule, c la concentration molaire et l, la longueur de la cuve) le niveau d'absorption solaire augmente lorsque la distance traversée dans l'atmosphère (équivalent de la longueur de la cuve) augmente. Schématisation de l’angle incident des rayons du soleil en juin et en décembre. Une incidence plus verticale concentre le rayonnement et donc la chaleur sur une zone plus petite. L’inverse a lieu lorsque l’incidence est moins verticale. Source: (Arlington Schools) 38