Econews issue 22 Juillet 2013 | Page 11

Coopération
Implantations, investissements, finances …
Risques à l’ avenir
Numéro 22 | PAGE 11

ECO NEWS

| en français

Malgré les multiples crises, les relations franco-libanaises demeurent solides

Philippine De Clermont-Tonnerre

Coopération

Les rapports bilatéraux entre la France et le Liban n’ ont pas enregistré de recul majeur.
En dépit d’ un contexte politique et économique morose aussi bien sur le plan local qu’ en France, avec une montée des tensions et un début de débordement de la crise syrienne au Liban conjugués à un ralentissement de la croissance dans l’ Hexagone en raison de la crise continue de la dette en Europe, les rapports économiques entre les deux pays maintiennent le cap, comme en témoignent plusieurs indicateurs. Les échanges commerciaux entre la France et le Liban ont ainsi totalisé, en valeur, 652 millions de dollars sur les cinq premiers mois de l’ année en cours, contre près de 698 millions de dollars au cours de la même période de l’ an dernier, enregistrant une légère baisse de 7 %. Celle-ci s’ aligne sur la tendance générale, le volume global des échanges dans les deux pays ayant décéléré dans un contexte de crise qui perdure depuis plus de deux ans. Au Liban, les importations ont reculé de 2 % jusqu’ à fin avril 2013, tandis qu’ en France, celles-ci ont baissé de 3 % au cours du premier trimestre de l’ année en cours,

La présence française continue de se développer par le biais d’ implantations majeures de compagnies et de groupes français sur le sol libanais

Enfin, au niveau de la coopération fiaprès avoir quasiment stagné sur l’ ensemble de 2012(+ 1,3 %). Cette contraction, qui découle principalement d’ une baisse de la demande interne, a d’ ailleurs valu à la France comme au Liban d’ améliorer leurs balances externes, largement déficitaires; le déficit commercial français, qui avait atteint en 2011 le record historique de 74 milliards d’ euros, a reculé en 2012 pour s’ établir à 67 milliards d’ euros, tandis que le déficit hors énergie, que le gouvernement s’ est engagé à résorber entièrement d’ ici à 2017, s’ est réduit quasiment de moitié, passant de 29 à 15 milliards d’ euros. Au Liban, le déficit commercial s’ est quand à lui, contracté de 5 % fin avril, sous l’ impulsion de la baisse des importations.
En ce qui concerne strictement les échanges entre les deux pays, ceux-là ont donc légèrement reculé au début de cette année mais continuent d’ osciller dans la borne supérieure; les échanges franco-libanais avaient connu un bond qualitatif sur les quatre ans précédents, totalisant 1,6 milliards de dollars en 2012 et en 2011, contre 1,5 milliards de dollars en 2010, et un pic de 1,7 milliard de dollars en 2009, date à laquelle les échanges avaient enregistré une croissance de 20 % par rapport à l’ année précédente( 1,4 milliard de dollars), et de 110 % par rapport à 2006( 824 millions de dollars). Si cette hausse substantielle depuis 2009, suivie d’ une certaine stagnation au cours des deux dernières années, découle en partie de l’ appréciation de l’ euro face au billet vert, auquel la livre est indexée, il n’ en reste pas moins que le volume des échanges a lui aussi progressé, soutenu par la signature de plusieurs contrats dans divers domaines, dont le secteur du transport aérien: la livraison d’ une dizaine d’ Airbus à la Middle East Airlines( MEA) à partir de 2009, à laquelle s’ ajoute la finalisation en début d’ année d’ une nouvelle commande, portant sur l’ achat de 10 Airbus de la famille A320neo d’ une valeur d’ un milliard de dollars. Cette position bilatérale, à la faible élasticité face aux évènements, a été confortée, en parallèle, par l’ adoption par la France d’ une politique de meilleure couverture des risques liés aux échanges commerciaux avec plusieurs pays, dont le Liban, qui a permis de doper les exportations et les importations dans les deux sens et de les sécuriser, non plus seulement à court terme, mais aussi à moyen terme.

Implantations, investissements, finances …

Sur un autre plan, la présence française continue de se développer par le biais d’ implantations majeures de compagnies et de groupes français sur le sol libanais ou de prises de part au capital de sociétés locales, et ce malgré les aléas conjoncturels et structurels. Les retraits de France Télécom il y a quelques années et de certains établissements bancaires, telle la BNP Paribas – pour des raisons liées au respect des normes bancaires internationales( Bâle II) – ont été compensés par la ruée des enseignes de luxe( Louis Vuitton, Boucheron, Hermès, etc.) et l’ implantation de nouvelles banques, comme le Crédit Agricole Suisse, ou plus récemment de groupes de grande distribution, comme Carrefour. Le Liban compte aujourd’ hui plus de 80 implantations françaises employant environ 5000 personnes. Les investissements directs étrangers( IDE), qui avaient reculé pendant quelques années en raison de l’ instabilité politico-sécuritaire sur le plan local après l’ assassinat de Rafic Hariri, auraient repris avant d’ être de nouveau freinés par la crise en Syrie qui affecte l’ ensemble des investissements en provenance de l’ étranger. nancière bilatérale, le pays du Cèdre relève depuis 1999 de la zone de solidarité prioritaire- une zone définie par le gouvernement français comme celle où l’ aide publique au développement est la plus concentrée comparativement à d’ autres régions.

Risques à l’ avenir

Malgré cette résilience des rapports bilatéraux aux conjonctures locales et régionales respectives, les relations économiques et commerciales entre la France et le Liban risquent de se détériorer, en cas de dégradation supplémentaire de la situation sécuritaire au Liban et / ou d’ un plus grand affaissement de la croissance française. Selon les dernières prévisions de la commission européenne, le PIB français devrait se contracter de 0,1 % cette année, tandis qu’ au Liban, certains pronostics font état d’ un risque de nouvelle guerre confessionnelle … Des risques majeurs qui porteraient un coup à l’ ensemble des deux économies et non seulement aux rapports entre les deux pays.