Eclaireur n°22 | Page 8

L'autre jour je marchais dans la rue, je regardais les gens, les voitures, les magasins ; Et puis j'ai vu cet homme qui court. Il court effrénément, pousse les gens, dit qu'il est en retard et n'a pas le temps. Ce vieillard assis, lui en a du temps. Ou peut-être n'en a-t-il plus beaucoup, alors il a décidé de profiter du peu qu'il lui reste. Moi, j'ai alors eu envie de comprendre ce qu'est le temps. Mais c'est difficile de comprendre quelque chose qui est là depuis des milliards d'années et sera là des millions après nous sans que nous ayons jamais réussi à poser des mots dessus.

Alors je suis remonté au commencement.

Finalement, aujourd'hui nous avons toujours des journées de 24h, des semaines de 7 jours et des années de 12 mois. Mais maintenant qu'on est capable de découper le temps, il faut pouvoir s'en servir.

- On vit en moyenne 80 ans, ça en fait des heures et des jours à utiliser. Mais c'est seulement

lorqu'on commence à utiliser ce temps qui nous est mis à disposition qu'on s'engage alors dans une grande aventure. Et c'est lorsqu'on fait le choix de s'engager dans cette aventure que le temps prend tout son sens. Il nous guide, nous accompagne étape après étape.

- Alors, parfois, on aimerait qu'il ralentisse un peu pour faire durer plus longtemps certains instants ou à l'inverse, écourter des éternités. Parfois on lui en veut de ne pas nous avoir fait profiter plus longtemps mais on oublie vite qu'il fait bien les choses.

C'est vrai, le temps calme nos ardeurs, apaise nos douleurs. Sans lui l'eau ne coulerait pas sous les ponts. Alors, je vous l'accorde, il ne rend aucun instant éternel, en l'espace d'un instant un beau moment n'est dejà plus qu'un souvenir. Mais c'est lui qui nous permet d'avancer dans ce voyage. Seulement, lui ne s'arrête jamais. Alors, quand on s'arrête un instant pour faire une pause, lui continue sans nous et ne fait plus que nous tracer le chemin à suivre.

Désormais, on se retrouve seul, sans compagnon de voyage, on perd confiance et alors ce chemin qui nous est tracé nous effraye, on n'a pas le courage de s'y engager car il nous fait peur.

C'est alors que pour éviter ce chemin au futur incertain, on s'agrippe aux lambeaux du passé. On se dit que c'était mieux avant, car tout allait bien, on ne se faisait pas de soucis. On se remémore de beaux souvenirs car les mauvais sont écartés. On aimerait bien y revenir et soudainement on regarde en arrière. Mais là, tout d'un coup, on voit la vie qui nous rattrape, on se rend compte que les choses changent.

On se souvient alors, qu'à l'époque, on ne se serait jamais imaginé aller aussi loin dans cette aventure. Petits, on pensait ne jamais devenir adultes, et pourtant, nous y sommes presque.

On croyait que nos aïeux allaient le rester à jamais et on les a vus s'en aller. Vous vous souvenez de cette main chaleureuse que vous serriez tous les jours ?

Elle est désormais froide et rigide. Vous vous souvenez de cette maison joyeuse où vous jouiez insouciamment ?

Elle est désormais vide et terne. Et tous ces gens que vous avez rencontrés en cours de route ?

Ils ont désormais pris un autre chemin et vous ne les croiserez certainement plus jamais. Pourtant, vous avez toujours pour eux une place dans votre coeur, et peut-être eux aussi, mais ça personne ne le sait.

Tous ces beaux moments passés seuls ou en compagnie, où vous avez ri, pleuré, hurlé, embrassé, écouté, où vous étiez triste, heureux, mélancolique, nostalgique... Ce ne sont plus que des souvenirs. Lorsqu'on y pense, ça nous fait mal, mais on réalise ensuite que c'est le même scénario qui se répète depuis des siècles. Seulement chacun d'entre nous le perçoit de manière différente, ce scénario.

Alors on finit par voir tout ce qui nous a fait arriver juqu'ici, et on comprend que si la suite du chemin est tracée devant nous, c'est que tout se passera bien. Et même si ce n'est pas le cas, ça

Samuel

Le temps calme nos ardeurs