Eclaireur n°22 | Page 7

Il fut un temps où l'on croyait la démocratie triomphante, où les peuples, libérés des chaînes de la tyrannie, marchaient vers un avenir éclairé par la liberté, l'égalité et la souveraineté populaire.

 

Mais aujourd'hui, alors que nous levons les yeux vers le monde, que voyons-nous ?

Des libertés grignotées, des oppositions muselées, des peuples trahis par ceux qu'ils ont élus.

 

Oui, la démocratie vacille. Et si nous ne réagissons pas, elle pourrait bien tomber.

La démocratie, ce mot chargé d'espoir, est bien plus qu'un simple mode de gouvernance.

Elle est une promesse.

La promesse que chaque voix compte, que chaque citoyen a le droit - et le devoir - de façonner le destin de sa nation.

Pourtant, cette promesse s'effrite. De l'Europe à l'Asie, des Amériques à l'Afrique, les indicateurs sont au rouge : montée des régimes autoritaires, affaiblissement des institutions, désinformation galopante, et surtout, une méfiance croissante des peuples envers la démocratie elle-même.

 

Tocqueville lui-même prévenait des risques de la tyrannie de la majorité liés à la démocratie.

Ce cher Alexis, qui nous avait pourtant alerté sur l'importance de la présence d'un État fédéral et des dangers d'un despotisme doux.

Ce cher Alexis, dont nous disposons encore aujourd'hui des plus brillants écrits, n'avait pas vu arriver cette machine destructrice qu'est le populisme.

 

Alors que j'écrivais ce discours, une question est parvenue à mes oreilles concernant le choix même de ce sujet : «Mais pourquoi ? On est déjà en démocratie, nous. »

 

C'est alors que j'ai réalisé que la méconnaissance sur la démocratie elle-même était déjà un point de rupture par rapport à celle-ci.

Car oui, c'est une question venue de l'un d'entre vous. Et cela conforte l'idée de Cynthia Fleury selon laquelle il faut renforcer les liens entre le savoir et le pouvoir.

 Car oui, la France est une démocratie.

Une démocratie en crise.

En crise institutionnelle, qui permet un usage abusif et répété des 49.3 à outrance, une présidentialisation forte et cette fameuse tyrannie de la majorité permise par le vote unilatéral à deux tours.

En crise d'une classe politique corrompue, atteinte par les partis personnels.

Mais aussi en crise de la citoyenneté, par le retour massif de l'abstention et du despotisme doux.

Une crise qui s'illustre par l'épisode des gilets jaunes mais aussi par de fréquentes remises en cause de l'État de droit et de la justice elle-même.

 

Les menaces de mort proférées aux juges et magistrats présents lors du procès Le Pen ne témoignent-elles pas de cette remise en cause ?

 

Mais ce n'est pas que de la France dont nous parlons aujourd'hui.

Car cela rejoindrait l'idée que la France est déjà une démocratie et que le reste du monde n'a pas d'importance.

Cette idée, presque nationaliste est fausse.

 

En effet, le populisme est un virus qui a trouvé un catalyseur : les réseaux sociaux.

Celui-ci se propage partout dans le monde, aux États-Unis, en France, en Hongrie, mais aussi dans les démocraties les plus anciennes comme au Royaume-Uni.

Le trumpisme, les GAFAM, l'IA, ne témoignent-t-ils pas d'une remise en cause des médias traditionnels ?

 

Aujourd'hui, on se fie à des sources qui ne sont même pas vérifiées, alors comment voulez-vous renforcer ce lien entre le savoir et le pouvoir ?

 

La démocratie ne peut vivre sans nous, et nous ne pouvons vivre libres sans elle.

 

Si elle vacille, c'est à nous de la relever ; car ce n'est plus elle qui nous protège, mais nous qui devons la protéger.

Alban

Notre démocratie vacille...