Eclaireur n°22 | Page 40

La fabrique d'un roman : les 2d Durance et Romanche questionnent l'autrice Mathilde Gal

Le jeudi 22 mai, les élèves de 2d Durance et de 2d Romanche ont rencontré l'autrice Mathilde Gal au CDI pour la troisième fois et lui ont posé des questions très précises sur son roman Des Vies orageuses écrit en 2023.

Quelle a été la première étape de votre travail ?

J'ai cherché les différents personnages, les thèmes et les messages que je voulais faire passer, et les passages marquants du récit. Je me suis documentée : j'ai lu beaucoup de témoignages de personnes qui ont vécu l'exil, j'ai passé du temps sur google maps pour reconstituer les trajets de mes personnages.

J''ai commencé à écrire des passages que j'ai mis ensuite sur des post-it. Un jour, j'ai étalé tous les post-it et j'ai recomposé le récit.

Comment avez-vous vécu l'étape de l'écriture collective ?

C'était super, cela m'a donné beaucoup de force. Les moments d'écriture seule puis collective ont alterné. Le texte a été enrichi de toutes les expériences, dans la joie. C'est vraiment une richesse...

Certains personnages sont-ils réels ?

Non, les personnages sont un mélange de réalité et de fiction Mais j'ai travaillé sur la véracité des personnages, ils pourraient exister ! Par exemple Idrissa est inspiré de trois personnes que je connais.

Pourquoi Sarah se blesse-t-elle à la fin du roman ?

Sarah porte trop de choses. Elle a cet accident et elle va pouvoir repenser son engagement. Le repos obligatoire lui donne une possibilité de reconstruction. Je voulais aussi que l'histoire se termine sur Idrissa qui va mieux, qui s'engage avec les autres éxilé.e.s, sans les aidants.

Est-ce une fin heureuse pour vous ?

Oui et non. Idrissa n'en est qu'au début de la procédure. C'est très, très long....

Pourquoi la troisième personne pour Sarah ? Pour que ce soit la voix d'Idrissa qui soit en "je" et qu'on voit le monde à travers ses yeux. Pour qu'on s'identifie à lui.

Pourquoi le choix d'un double point de vue ?

Pour montrer la multiplicité des personnes exilées. Il y a 52 % de femmes et d'enfants. Cétait important de nommer les gens, pour les reconnaitre, de les individualiser et de créér des liens. Pour moi le thème principal du roman, c'est la richesse que nous apporte les exilé.e.s. Je voulais montrer l'intensité de ces existences (exilé.e.s et accompagnants).

Comment avez-vous trouvé le titre ?

Moi je voulais "L'éclat de nos vies entêtées" mais personne n'aimait... Nos vies enragées ? Nos vies orageuses ? Au début je ne l'aimais pas du tout et puis je l'ai finalement adopté !

Pourquoi le burn-out de Sarah ?

Je pense que c'est une erreur de vouloir tout porter toute seule... Ce burn-out fait écho à la dépression d'Idrissa au début du roman, qui est due à l'immobilité et à l'obligation de mettre sa vie entre parenthèses. Au moment où Sarah ne va pas bien, lui remonte la pente.

Sarah n'arrive pas à fermer les yeux sur ce qu'elle voit, elle va progressivement s'isoler parce qu'elle s'implique trop et se sent trop impuissante.

Pourquoi avoir choisi un incipit in media res ?

J'aime mettre mes lectrices et lecteurs directement dans l'action, j'aime les scènes dynamiques !