Eclaireur n°22 | Page 22

C’est un paradoxe de notre époque : jamais l’information n’a été aussi accessible… et pourtant, elle semble nous échapper. À force d’images trafiquées, de contenus générés par IA, de posts sans sources, la frontière entre vrai et faux tend à disparaitre.

Derrière cette crise silencieuse, il y a tout d’abord une technologie : l’intelligence artificielle. En 2023, des figures de la Silicon Valley alertaient sur ses dangers, tout en cherchant à rester les maîtres du jeu réglementaire. L’Intelligence Artificiel est un outil puissant, mais entre de mauvaises mains, elle devient une machine à fabriquer des mensonges convaincants à grande échelle. Par exemple, la Russie utilise déjà ces techniques pour influencer l’opinion, créer de fausses images, et diffuser des récits biaisés à l’international dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Mais des plateformes comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) jouent un rôle majeur dans cette propagation. En freinant la régulation, ils laissent proliférer les fausses informations. Sur X, on compte plus d'1,2 milliard de fake news, partagées, commentées, prises au sérieux. Plus une information choque ou divise, plus elle circule.

Les effets sont visibles : montée du complotisme, rejet des institutions, polarisation extrême des opinions. Aux États-Unis, Trump nous a notamment montré à quel point les fausses informations pouvaient envahir le débat public. Mais ce n’est pas tout : entouré de libertariens radicaux comme Elon Musk, en tant que DOGE (Department of Government Efficiency ), Trump incarne une vision du pouvoir où l’État est vu comme une nuisance… et la vérité comme un obstacle.

Face à cette tempête numérique, certains acteurs institutionnels comme l’Union Européenne tente de réagir avec des cadres légaux comme le DSA (Digital services act) et le DMA (Législation sur les marchés numériques), afin de réguler les réseaux sociaux et l'IA. Mais ces efforts peinent à réduire la prolifération des fake news. Car derrière la prolifération des contenus mensongers se cache une autre réalité : la polarisation vers les extrêmes.

En ligne, les algorithmes, par les bulles de filtre, privilégient les contenus les plus clivants, renfermant les individus dans leurs propres opinions. Ce repli sur soi fragilise le débat

démocratique, et alimente des tensions sociales déjà vives.

Alban, rédacteur en chef de LEClaireur de vérité

LEClaireur de vérité

Editorial