Une spécialité grenobloise : le ciment moulé
J’aimerais à présent vous emmener Place Victor Hugo afin de porter notre attention sur un immeuble qui fait l’angle, juste à côté de l’arrêt du tram. Vous le reconnaîtrez facilement avec les nombreux ornements de sa façade et notamment le dragon en ciment moulé qui trône fièrement sur la devanture du toit. Et c’est au ciment que nous allons nous intéresser, cet or gris, inventé par Louis Vicat en 1817. Il n’a d’ailleurs déposé aucun brevet et a plutôt donné conseils aux architectes et entrepreneurs de l’époque. Et c’est ici que Grenoble entre en scène car Mr. Vicat va y passer une grande partie de sa vie et y mourir en 1861. En effet, l’usage de ce nouveau matériau est facile et d’un coût vingt-cinq fois inférieur à la pierre. Il va être beaucoup utilisé à Grenoble, ce qui est notamment permis grâce à l’installation de nombreuses fabrications de ciment. Cela permet en particulier d’expliquer la fabuleuse diversité et richesse des décors sur les façades de bon nombre d’immeubles à Grenoble comme celui cité précédemment mais également un peu partout en centre ville, comme celui juste derrière la fontaine des Trois Ordres sur la Place Notre-Dame où nous sommes passés il y a peu. Grenoble et le département de l’Isère sont ainsi l’un des berceaux de l’industrie cimentière en France.
Mais une question peut alors être posée. Que faire de ce patrimoine ? S’il y a bien quelque chose auquel les gens ne pensent pas lorsqu’ils parlent de Grenoble, c’est son patrimoine. La ville n’attire pas pour son architecture mais plutôt pour les montagnes qui l’entourent. Cette histoire est malheureusement bien peu mise en avant, malgré quelques rénovations, Grenoble est bien peu souvent observée sous l’angle du patrimoine et de l’histoire. Peut-être serait-il intéressant de promouvoir notre patrimoine, ce qui pourrait également développer le tourisme dans la ville mais aussi permettre aux habitants d’en savoir un peu plus sur leur ville et d’arrêter de n’y voir que les balles qui sifflent et une nappe grise au dessus de leurs têtes, mais plutôt sa beauté et son charme.
©Timothée Laumet