Eclaireur n°22 | Page 10

Pas si loin du lycée...

Depuis novembre dernier, on a entendu la voix de nombreux agriculteurs mécontents. Bon nombre d’entre eux sont descendus de leurs campagnes pour manifester leurs droits. Ils ont exprimé leur colère face à leurs conditions de vie et de travail trop dures. L’agriculture est en péril depuis de nombreuses années, le nombre d'agriculteurs en France a été divisé par huit en 45 ans. Moi je vis dans une ferme depuis toujours, mes deux parents sont agriculteurs, et depuis que je suis enfant, je les entends parler chaque jour de leurs journées à la ferme, de la difficulté de leurs conditions de travail, des risques de leur métier, de leurs ambitions, de leur passion, de leur rythme effréné. C’est pourquoi, lorsque j’ai vu les nombreuses actions, manifestations menées par les agriculteurs, je me suis tout de suite identifiée à leurs paroles et j’ai été heureuse de les entendre dire haut et fort ce qu’ils vivaient. Or, malgré leur lutte acharnée pour des revendications plus que légitimes, j’ai entendu des paroles méprisantes envers eux et j’ai trouvé ça terriblement triste. En écrivant ici, je veux parler du métier de mes parents, montrer à quel point il est important et honorable. Et peut-être réussir à partager et faire connaître ce qu’il y a de beau et de difficile dans leur métier. J’écris cet article très simplement, dans une démarche qui s’inscrit bien loin de celle d’un porte-parole, mais simplement dans une volonté de partage.

Mes parents se sont installés en 2005 sur l’exploitation de mon grand-père maternel, ils avaient 23 ans. Leur installation s’inscrivait dans la conviction et la volonté de briser le modèle agricole de leurs parents et de produire bio. Car mes deux grands-pères étaient des agriculteurs industriels et produisaient de manière conventionnelle. L’un était volailler et produisait des poules pour les supermarchés, l’autre était saladier et produisait également pour les grandes surfaces. Quand mes parents ont repris la ferme, ils ont décidé de ne surtout pas reproduire le modèle conventionnel et agroalimentaire de leurs parents. Ils voulaient produire biologiquement, sans pesticides, sans labourer les sols, en préservant l’environnement.

Aujourd’hui, seulement 3% de l’agriculture française est biologique, une agriculture qui, contrairement à d’autres, ne pollue ni l’air, ni la terre, ni l’eau. Certes, l’agriculture biologique est plus difficile et produit moins de rendement, mais elle assure la préservation de nos écosystèmes et de nos

Le métier de mes parents

Sylvaé