Echo de Gier N°83 | Page 8

Vers 1955, on a eu un feu de cheminée à la maison. Celui qui a appelé les pompiers n’a pas précisé où se situait le feu. Toute la caserne de Loriol a débarqué pensant que c’était la fabrique qui brûlait. Avant la cuisson suivante, il fallait ôter la cendre de l’allandier ; pour cela, Félicien à l’aide d’une pelle à long manche, les transférait à côté du four. Dans le temps elles remplaçaient l'engrais ou la lessive. C’est aussi là que AGUET, autrement dit "ROSSIGNOL", venait faire cuire son fristi sur les braises. Il couchait dans le fenil, au-dessus de la cave à terre. chapeau, il sommeillait durant tout le sermon dont il n'entendait pas un traitre mot. Mais ça ne l’empêchait pas d’aller au cinéma à Loriol le dimanche après-midi en mobylette. Il se faisait un cornet acoustique avec le programme du film en guise de sonotone. Dans sa jeunesse, les voitures avaient été une des passions d’Antonin. De tout temps il en a eu. Ma mère avait la nostalgie de la «Trèfle CITROËN ». A la maison, il était fréquent que Camille, la fille d'Antonin qui vivait avec lui, soit dérangée pendant les repas par des touristes pressés qui ne voulaient pas attendre l’ouverture du magasin à 14 heures. À table, tout le monde râlait, mais chaque fois elle y allait…souvent pour vendre pas grand chose. Bourru mais juste et paternaliste avec ses ouvriers, il a eu bien du mérite à conserver l'activité de la poterie durant les deux guerres pendant lesquelles des ouvriers ont été mobilisés. Il dut ensuite subir la concurrence des objets manufacturés qui arrivaient sur le marché. La production de poterie fantaisie, on dirait maintenant de poterie d'art, a réussi à maintenir une activité suffisante pour garder ses ouvriers. Quand des touristes entraient dans l'atelier à la recherche de quelqu'un pour acheter de la poterie, Antonin était rarement de bonne humeur si on le dérangeait en plein travail. Il n'acceptait pas toujours de leur vendre quelque chose ; et s’ils marchandaient, ils obtenaient toujours une ristourne ; ils l'agaçaient et pour s’en débarrasser il était prêt à tout. Il était sourd comme un pot ; normal pour un potier. C’est une chose dont tous ses enfants et petits-enfants ont hérité. Le dimanche, à la messe, à sa place, au fond à gauche, à côté du bénitier où il posait son Son savoir-faire fut reconnu par l'obtention de la médaille d'Argent lors de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques à Paris en 1937. Dans les années 40, cette renommée a attiré à la poterie de Cliousclat des artistes tels que Marc ROUSSEL qui venait se former au tournage. Il travailla ensuite à Vallauris puis, s'installa à Moustier Sainte Marie. À la même période, Anne DANGAR, peintre et céramiste suivait les cours d'André LOTHE à Mirmande, c'est comme ça qu'elle a connu la poterie de Cliousclat. Elle venait décorer des pièces réalisées par Pierre BOISSY. Le four qu'elle avait fait installée à Sablon à la résidence d'artiste de Molly-Sabata ne la satisfaisait pas, elle y ratait trop de cuissons.